Les Sénégalais du Manitoba se rendent aussi aux urnes

Sénégal

Les Sénégalais se rendent aux urnes dimanche pour le premier tour des élections présidentielles, et au Manitoba aussi, les ressortissants de ce pays d’Afrique de l’Ouest peuvent participer au scrutin.

Cinq candidats sont en lice pour ces élections, dont le président sortant Macky Sall qui brigue un second mandat.

Le consul honoraire du Sénégal au Manitoba, Ibrahima Diallo, explique que les électeurs de l’étranger doivent être inscrits dans les registres. « En 2017-2018, il y a une mission spéciale qui a fait le tour de beaucoup de villes à travers le monde et aussi au Canada pour enregistrer les Sénégalais, et ils ont confectionné des cartes d’électeurs », rappelle-t-il.

Au Manitoba, 175 personnes s’étaient alors inscrites. À la mi-journée dimanche, une trentaine d’entre elles étaient venus voter au bureau installé au 101 chemin Egerton, à Winnipeg.

Infrastructures, pétrole, corruption…

Idrissa Seck, Madické Niang, Issa Sall, Ousmane Sonko et Macky Sall se disputent la présidentielle au Sénégal. « Ce qui est intéressant c’est que des cinq candidats, trois proviennent d’un ancien parti, le Parti démocratique sénégalais (PDS) », observe Ibrahima Diallo.

Les trois viennent de la même branche, mais ce sont des branches divergentes si on veut, ils sont sortis pour créer leurs propres [mouvements]. Ça donne un certain paysage politique.

 Ibrahima Diallo

Les enjeux dans le pays sont nombreux, poursuit-il : « les infrastructures, l’énergie, et aussi le niveau de vie, la pauvreté, la corruption, la santé et l’éducation : il y a vraiment des problèmes récurrents ».

« Il y a la question du pétrole aussi. Le Sénégal veut devenir dans quelques années un pays producteur de pétrole et ça aussi ça attise toutes sortes d’interventions de la part des partis : est-ce que ça va être bon pour le Sénégal, et bien géré? »

Le consul note toutefois des progrès dans certains domaines, citant l’exemple d’un projet de pont entre le Sénégal et la Gambie, attendu depuis longtemps, qui a finalement été inauguré tout récemment. « La Gambie, un pays anglophone, coupe le Sénégal presque en deux, décrit Ibrahima Diallo. Donc pour aller du Nord au Sud il faut passer par ce pays-là et pendant des générations et générations, on n’avait jamais pu construire un pont. »

Une carte Google Maps du Sénégal, en Afrique, et de la Gambie (enclavée dans le Sénégal).
Le Sénégal est coupé en deux par la Gambie, et un nouveau pont devrait faciliter la jonction entre le nord et le sud du pays, dit Ibrahima Diallo. Photo : Google Maps

Pour lui plus généralement, l’enjeu principal est d’assurer une continuité entre les présidences.

Si chaque président pouvait construire quelque chose à laisser à son successeur, je pense que le Sénégal serait très loin dans son développement.

 Ibrahima Diallo, consul honoraire du Sénégal au Manitoba

Dynamique nouvelle

Le consul honoraire explique également qu’il y a eu des changements au fonctionnement démocratique pour cette élection. « Maintenant nous avons des mandats de cinq ans, non plus sept, renouvelables une fois puis c’est terminé. Donc ça, c’est très important, le président ne peut pas se représenter une troisième fois. »

Une autre nouveauté, c’est le nombre de candidats. « Avant 2017, il n’y avait pas de limite dans le nombre de personnes qui pouvaient se présenter, alors souvent on avait des campagnes électorales où il y avait 20-25 personnes qui voulaient être présidents… pour un petit pays! Dans ce suffrage-ci […], pour pouvoir te présenter, il faut que tu aies une liste de 52 000 personnes qui ont signé. »

Des Sénégalais font la file en-dehors d'une tente blanche pour le vote.
Des Sénégalais font la file pour aller voter aux élections législatives en 2017. Photo : SEYLLOU/AFP/Getty Images

« Il y a eu beaucoup de personnes qui ont été recalées, parce qu’elles n’arrivaient pas à avoir le nombre suffisant, et ça peut être interprété [dans les deux sens], soit comme une façon de limiter les candidatures, ou comme une manière de rationaliser les choses. »

L’importance de voter, même loin

Ibrahima Diallo observe un « renouveau » dans l’engagement social et politique des Sénégalais, à l’étranger aussi. « Il y a des gens que j’ai vus, pas mal de jeunes ici, qui me disent que c‘est la première fois de leur vie qu’ils votent. »

Depuis quelques années, les gens ont un « certain sentiment de pouvoir intervenir dans le processus électoral pour choisir les candidats qui pourraient conduire le Sénégal dans des directions différentes », estime-t-il.

Les médias ont aussi permis de rester proches de l’actualité. « Les gens regardent les chaînes en direct donc ils sont très bien branchés pour comprendre ce qui se passe, en tout cas, ce qu’ils voient à l’écran. Et ça motive encore davantage les gens à s’impliquer. »

Radio Canada