Huawei accusé de fraude et d’espionnage par les Etats-Unis

Monde

Le département de la Justice américain a rendu publics ses actes d’accusation contre le groupe chinois. Il va aussi demander l’extradition de sa directrice financière.

Depuis  l’arrestation de l’une de ses dirigeantes au Canada et l’escalade des tensions dans ce dossier, on attendait les charges qui allaient être retenues par la Justice américaine contre Huawei. Le département de la Justice les a présentées lundi lors d’une conférence de presse. Deux jours avant que Pékin et Washington ne reprennent les discussions sur leur différend commercial …

Les juges ont présenté deux actes d’accusation distincts. Le premier accuse Huawei, sa directrice financière et plusieurs autres employés, ainsi que deux de ses filiales, d’avoir violé les sanctions contre l’Iran, de l’avoir dissimulé aux banques et au gouvernement américain. Les charges retenues sont la fraude bancaire, la violation des sanctions américaines et la conspiration dans le but de faire obstruction à la Justice.

Espionnage industriel

Dans le second acte d’accusation, Huawei est accusé d’avoir volé des secrets commerciaux à l’un de ses partenaires américains, l’opérateur T-Mobile. Il s’agissait d’ informations sur un robot permettant de tester des téléphones en reproduisant des mouvements humains, Tappy. T-Mobile avait déjà  porté plainte au civil contre Huawei dans cette affaire, l’accusant d’avoir copié le design et les fonctionnalités de son outil. L’américain avait obtenu 4,8 millions de dollars de dommages, alors qu’il en réclamait 500 millions.

Une enquête criminelle est donc désormais lancée. « Comme je l’ai dit aux responsables chinois en août, la Chine doit tenir ses citoyens et ses entreprises responsables devant la loi », a expliqué le secrétaire à la Justice, Matthew Whitaker.

Washington va également demander au Canada l’extradition de Meng Wanzhou, la fille du fondateur de Huawei et directrice financière du groupe, arrêtée en décembre à Vancouver et assignée à résidence depuis. Les Etats-Unis ont jusqu’au 30 janvier pour faire la demande formelle. Le ministre canadien de la Justice aura alors un délai de 30 jours pour y répondre.

« Manipulations politiques »

Huawei continue de nier ces accusations, se disant, ce mardi, « déçu d’apprendre les accusations portées contre l’entreprise aujourd’hui ». Ajoutant : « L’entreprise dément qu’elle, ou une de ses filiales ou sociétés affiliées, ait commis les violations supposées de la loi américaine énoncées dans chacun des actes d’accusation, n’a pas connaissance d’actes répréhensibles de la part de Madame Meng et est persuadée que les tribunaux américains aboutiront à la même conclusion. »

Pékin, pour sa part, a accusé les Etats-Unis de « manipulations politiques » dans cette affaire. « Les Etats-Unis utilisent le pouvoir de l’Etat pour discréditer et attaquer certaines entreprises chinoises, dans une tentative d’étrangler leurs opérations, qui sont légitimes et légales », a indiqué dans un communiqué Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Tensions accrues

Le groupe chinois, leader mondial des équipements télécoms, est de fait quasiment exclu du marché américain, depuis un rapport du Congrès en 2012, qui le soupçonnait d’espionnage au profit de Pékin. Dans le cadre du déploiement de la 5G, il apparaissait néanmoins en bonne position, en proposant du matériel moins cher que ses concurrents.

Le dossier devrait encore tendre un peu plus les négociations entre représentants chinois et américains, à partir de mercredi. Suite à l’arrestation de Meng Wanzhou, la Chine avait  interpellé un ressortissant canadien en guise de représailles.

Nicolas Rauline