Comment l’Elysée a tenté de désamorcer la bombe Benalla en Afrique

Afrique

Mi-décembre, l’Elysée a dû passer un avertissement à une dizaine de capitales africaines par la voie diplomatique. « Alexandre Benalla n’est pas l’émissaire d’Emmanuel Macron », disait ce message.

Alexandre Benalla, reconverti en homme d’affaires en Afrique ? L’hypothèse fait sourire cet ancien ministre du Tchad : « Mon pays n’a même pas d’argent pour payer ses fonctionnaires. Il n’a pas les moyens de passer des commandes. Si Alexandre Benalla s’est rendu à Ndjamena [le 5 décembre, pour y rencontrer le président Idriss Deby, NDLR], c’était pour proposer ses services. » Et par « services », il faut évidemment comprendre ses « entrées à l’Elysée ». C’est ce que nous a confirmé  l’entourage d’Emmanuel Macron :

« Benalla n’a pas été reçu en Afrique pour ses talents de businessman, mais pour son supposé relationnel avec le président Macron. »

Selon nos informations, les « tournées » de l’ex-conseiller de l’Elysée en Afrique ont bien failli tourner à l’incident diplomatique. Le 12 décembre, « la Lettre du continent », une publication spécialisée, révèle qu’Alexandre Benalla s’est rendu au Tchad. Est-il possible que l’Elysée n’ait rien su de ses voyages auparavant ? Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a affirmé le 16 janvier, devant la commission d’enquête sénatoriale, que l’ambassadeur de France au Tchad avait omis de le prévenir. « Il a bon dos l’ambassadeur. A minima, le chef de mission diplomatique a dû prévenir le chef de poste de la DGSE qui a informé le directeur du renseignement. On parle là d’un ancien conseiller de l’Elysée licencié. Ce n’est pas possible autrement », affirme un ancien des services de renseignement.

Lucas Burel et Caroline Michel-Aguirre