Zone franc : les États bandent les muscles autour d’un « plan d’action »

Economie

À l’issue de la réunion qu’ils viennent de tenir à Paris, les États membres de la zone franc se sont engagés à une « meilleure mobilisation des recettes fiscales » mais aussi à plus de vigueur pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

« C’est un point d’étape absolument majeur qui a été franchi aujourd’hui », a affirmé le ministre français Bruno Le Maire lors d’une conférence de presse au terme de la réunion des ministres des Finances de la zone franc à Paris, ce lundi. « Je suis heureux de vous annoncer qu’à l’issue des discussions (…) tous les États ont adopté un plan d’action et un calendrier détaillé pour le renforcement de la lutte anti-blanchiment et de la lutte contre le financement du terrorisme », a-t-il affirmé, cité par l’AFP. M. Le Maire a parlé d’une « avancée importante » sans donner plus de détails sur le « plan d’action » de la zone franc, qui regroupe 15 pays africains. Le ministre français a aussi souligné la volonté de l’ensemble des pays d’obtenir une « meilleure mobilisation des recettes fiscales (…) pour garantir la solidité du développement économique de tous les pays de la zone franc ». « Une meilleure mobilisation des recettes fiscales, c’est plus de croissance et moins d’endettement », a-t-il assuré.

Un besoin de croissance plus forte 

Dans un rapport diffusé à l’occasion de cette réunion, la Banque de France a estimé que la croissance en zone franc demeure encore « insuffisante » pour permettre « un véritable décollage économique ». Les pays de la zone franc, qui utilisent le franc CFA, ont connu en 2017 une croissance de 3,9 %, contre 3,6 % l’année précédente, soutenue notamment par le rebond du prix du pétrole, indique le rapport élaboré avec les trois banques centrales de la zone. « Bien que cette bonne performance permette une amélioration du PIB par tête, elle demeure insuffisante pour permettre un véritable décollage économique de la zone », regrette la BDF. Cette croissance est toutefois restée supérieure à celle de l’Afrique subsaharienne en général, mais il reste des écarts significatifs entre les différents pays, a souligné la BDF. Les pays de la zone franc ont continué d’enregistrer l’an dernier des taux d’inflation (+ 0,8 %) nettement plus faibles que ceux de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne (+ 11 %). « L’arrimage à l’euro a en effet protégé les pays de la zone franc des chocs inflationnistes consécutifs à de fortes dépréciations du taux de change, auxquelles ont été confrontés les pays en développement les plus vulnérables », s’est félicitée la Banque de France, citée par l’AFP.

Un système rodé

Lié à l’euro par un système de parité fixe, le franc CFA est la monnaie de 14 pays francophones d’Afrique de l’Ouest et centrale, totalisant 155 millions d’habitants : huit appartenant à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et six à la Communauté économique d’Afrique centrale (Cemac). UEMOA et Cemac sont dotées chacune d’une banque centrale qui émet leurs propres billets et pièces. Si les billets émis par l’une ou l’autre ont exactement la même valeur, ceux de la zone UEMOA ne sont pas acceptés dans les pays de la Cemac, et inversement. Pour rappel, il y a lieu de préciser qu’aux 14 pays utilisant le franc CFA s’ajoutent les Comores, dont la monnaie est le franc comorien, et la France, dont trois collectivités du Pacifique (Polynésie française, Wallis-et-Futuna et Nouvelle-Calédonie) utilisent le franc pacifique. Franc comorien et franc pacifique sont tous deux également indexés sur l’euro, à une parité fixe différente du franc CFA.

Originally posted 2018-10-21 15:36:07.