Dakar, porte du Sénégal

Sénégal

Ville la plus à l’ouest du continent africain, la capitale sénégalaise, située sur une presqu’île, est une excellente porte d’entrée vers l’Afrique, l’océan toujours à portée de regard. La brise marine garantit un agréable microclimat plutôt tempéré, tandis que les flots semblent enlacer cette pointe de terre aujourd’hui peuplée d’un million et demi d’habitants. En ajoutant les deux millions de son agglomération, cela représente un Sénégalais sur quatre !

L’urbanisation débridée ne rend pas Dakar séduisante au premier coup d’œil. Néanmoins, son charme se dévoile vite à travers son énergie contagieuse et son dynamisme créatif, portés par une population nationale dont plus de la moitié a moins de vingt ans.

Très ouverts et d’un abord facile, la plupart des Dakarois parlent français, langue officielle du pays, ce qui rend plus aisés les échanges. L’autre idiome très répandu, c’est le wolof dont un terme revient souvent, emblématique de l’état d’esprit des Sénégalais : « teranga », c’est-à-dire l’hospitalité.

Le Plateau, cœur de Dakar

Le Plateau, cœur de Dakar
Cathédrale du Souvenir africain © Salvador Aznar – Shutterstock

Le Plateau, à l’extrémité sud de la presqu’île du Cap Vert, constituait le cœur de la ville pendant la colonisation française, qui s’est étalée sur 350 ans. Mais Dakar ne s’est développée qu’à partir de la fin du 19e siècle. L’architecture de ce centre économique et administratif est dominée par les styles des années 1920 et 1930, avec des immeubles et des arbres majestueux bordant des rues souvent disposées en un quadrillage régulier.

Animé et embouteillé, le quartier se parcourt facilement à pied et abrite plusieurs bâtiments historiques remarquables. Le palais présidentiel est installé, depuis l’indépendance du Sénégal en 1960, dans l’ancienne demeure du gouverneur colonial. Devant les imposantes grilles, reste posté un garde impassible, en uniforme rouge et noir avec une haute coiffe qui rappelle un peu les soldats de Buckingham Palace.

Tout près s’élève la cathédrale du Souvenir africain, blanche et massive avec sa coupole entourée de deux clochers carrés. Érigée dans les années 1920 et restaurée 80 ans plus tard, elle programme toujours des messes, car environ 5 % des Sénégalais sont catholiques. Un autre édifice historique du Plateau a été rénové, et même reconstruit à l’identique dans les années 1990 après un incendie : le marché Kermel, sous une jolie halle aux allées concentriques débordant de poissons, viandes, fruits et légumes… Tout autour, s’agglutinent des échoppes de souvenirs et d’artisanat.

Découvrir l’art et l’artisanat du Sénégal

Découvrir l’art et l’artisanat du Sénégal
Musée Théodore Monod © Stéphanie Condis

Pour découvrir l’artisanat ancien du Sénégal et d’autres pays voisins, direction le musée Théodore Monod d’Art africain. Il porte le nom de l’éminent explorateur et scientifique qui dirigea, lors de sa création dans les années 1930, l’Institut français d’Afrique noire, devenu l’Institut fondamental d’Afrique noire. Ses expositions permanentes et temporaires mettent en valeur les traditions locales et, plus largement, africaines, à travers des objets du quotidien ou religieux : statuettes, masques, tambours, poteries, outils agricoles, pièces textiles ou de vannerie, etc. En filigrane, apparaissent des rituels autour du passage à l’âge adulte, des moissons, des mariages, des naissances ou des cérémonies funéraires.

Également spécialisée dans l’art africain ancien, la Galerie Antenna s’est élargie, à partir de 2008, aux œuvres contemporaines. Désormais une institution, ce fut la première galerie d’art implantée en Afrique subsaharienne, en 1972. Sur 400 m², sont proposés à la vente des tableaux modernes, des bijoux, du mobilier traditionnel, des figurines de toutes tailles et même quelques idées de cadeaux à prix raisonnables…

La galerie Arte, fondée en 1996, pratique, elle aussi, un mélange des genres réussi, entre artisanat et art contemporain africains, meubles design conçus par la propriétaire des lieux ou encore expositions qui tournent régulièrement.

Ces deux espaces participent à la Biennale Dak’Art, lancée au début des années 1990 et organisée les années paires, pendant un mois. Toujours sur le Plateau, la Galerie Nationale d’Art et celle de l’Institut français de Dakar, baptisée Le Manège, sont également fidèles à ce festival d’art contemporain dont l’importance et l’influence ne cessent de grandir, en Afrique et au-delà.

Street art dans la médina de Dakar

Street art dans la médina de Dakar
Street art dans la médina de Dakar © Stéphanie Condis

Changement total de décor et d’ambiance dans le secteur de la Médina, qui n’est pourtant pas si éloigné du Plateau… Les édifices sont plus bas et rudimentaires, les trottoirs beaucoup plus encombrés : les commerçants y posent leurs étals ; les artisans leurs outils ; les habitants attachent moutons et chèvres ou font sécher le linge ; les chats rasent les murs qui sont souvent égayés par de splendides fresques et graffitis.

Le quartier est, en effet, au cœur de Festigraff, événement majeur en Afrique, dédié aux cultures urbaines et organisé dans divers endroits à Dakar : il réunit, pendant dix jours chaque mois d’avril, une quarantaine de street artists ainsi que des musiciens et danseurs de hip-hop venus de 25 pays. Mais c’est toute l’année que les murs ont la parole dans la Médina, et dans la capitale du Sénégal en général. Car les tags ne sont pas interdits. Ils servent à se faire de la pub, comme ce chauffeur qui a écrit à la bombe rouge « meilleur taxi : Diallo » suivi de son numéro de téléphone et de cœurs ! Ou à formuler des slogans politiques, voire son opinion sur un rappeur…

Car les graffs délivrent des messages éducatifs, font de la prévention en matière de santé, prônent une attitude citoyenne. Des collectifs d’artistes étrangers viennent soutenir les jeunes et les encourager à s’exprimer par le graffiti, en leur fournissant de la peinture et en les formant. C’est ainsi que la Médina, malgré sa pauvreté, se révèle être une étonnante galerie à ciel ouvert.

Marchés et design dans la médina de Dakar

Marchés et design dans la médina de Dakar
Marché Soumbédioune © Del Moretto – Shutterstock

Aussi colorés et encore plus vivants, les marchés du coin méritent une halte. Soumbédiouneavec ses pirogues bigarrées est spécialisé dans le poisson, tandis que Tilène aligne produits alimentaires, ustensiles de cuisine et vêtements. Quant au village artisanal, il regorge de cadeaux et souvenirs à rapporter : bijoux, statuettes, masques, peintures et autres babioles à marchander avec fermeté !

Pour des objets design de qualité, les deux magasins d’Ousmane Mbaye s’avèrent incontournables. Le designer, né dans la Médina, s’est construit une renommée internationale grâce à son mobilier original, en métaux et matériaux de récupération retravaillés.

Il utilise son aura pour mettre en avant de jeunes talents africains : leurs créations (des accessoires de mode et de décoration, notamment) sont vendues dans sa seconde boutique « Shop Bi », attenante à l’adresse principale d’Ousmane Mbaye, toutes deux bordant la corniche ouest, littoral animé et riche en contrastes.

Sur la corniche ouest de Dakar

Sur la corniche ouest de Dakar
Corniche ouest © derejeb – stock.adobe.com

Dakar compte deux corniches. La petite, sur la côte est du Plateau, et la grande, ou corniche ouest, qui part du centre-ville et s’étire en direction du nord, jusqu’à l’ancien aéroport Senghor. Emprunter cette route, par exemple dans un taxi jaune et noir typique de Dakar, c’est contempler, en un long travelling, le dynamisme de la ville et sa vivacité. Car la capitale du Sénégal ne cesse de bouger, à l’image des très nombreux sportifs qui se rassemblent en bord de mer pour courir, s’adonner à la musculation, jouer au foot sur la plage ou y pratiquer des sports de combat : la boxe et surtout la lutte.

L’écrivain Léopold Sédar Senghor, premier président du pays, a vécu plus d’une décennie face à l’océan, au niveau de la baie de Mermoz, dans une belle villa de la fin des années 1970 agrémentée d’un jardin avec piscine. La maison est surnommée « les dents de la mer » à cause de son architecture aux angles pointus. Depuis 2014, elle abrite le musée Senghor : après la disparition, en 2001, de celui qui fut le premier Africain membre de l’Académie française, l’intérieur de sa demeure est resté en l’état.

En parcourant bureaux, chambres et salon, on plonge dans l’intimité du poète, passionné de littérature et d’art, comme en témoignent la multitude de livres et les statuettes anciennes provenant de diverses régions d’Afrique.

Monument de la Renaissance africaine © derejeb – stock.adobe.com

Un peu plus au nord sur la corniche surgit le phare des Mamelles, site ainsi baptisé car il compte deux collines volcaniques dont l’une est dominée par le sémaphore et constitue le point culminant de Dakar, à 105 m d’altitude. Édifié en 1864 et haut de 21 m, c’est l’un des plus puissants et importants phares du continent avec celui du cap de Bonne Espérance.

Il est possible de grimper au sommet pour observer sa lumière, lors d’une intéressante visite guidée assurée par l’un des gardiens. À la clé, un impressionnant panorama sur le bout du nez de l’Afrique : la pointe des Almadies, ultime avancée de terre dans l’océan qui abrite un quartier chic et à la mode pour sortir.

La seconde butte sert de piédestal au Monument de la Renaissance africaine, d’environ 50 m de haut et composé de trois sculptures. Inauguré en 2010 pour fêter le 50e anniversaire de l’indépendance du Sénégal et d’autres pays africains, il représente un homme, une femme et un enfant qui s’élancent fièrement, torses bombés, vers un avenir radieux, quittant les ténèbres de l’Histoire. Réalisées par des Nord-Coréens, les statues, dans lesquelles on peut monter, ne font pas dans la finesse, mais plutôt dans le style totalitaire triomphant…

Dans la maison d’Ousmane Sow

Dans la maison d’Ousmane Sow
Maison Ousmane Sow © Stéphanie Condis

Rien à voir avec le projet initial proposé par le célèbre sculpteur Ousmane Sow, par la suite tombé en désaccord avec le président sénégalais, commanditaire du monument. L’œuvre intimiste qu’avait imaginée l’artiste, nommée « L’homme libre », est exposée dans sa maison-atelier, devenue musée, cachée dans un secteur résidentiel au nord-est des Almadies.

C’est Ousmane Sow lui-même qui avait dessiné les lignes modernes et originales de la superbevilla de trois étages qu’il habita pendant une quinzaine d’années, jusqu’à sa mort fin 2016.

Elle forme une sorte de labyrinthe aux couleurs chaudes, au fil des escaliers extérieurs, balcons et multiples salles où sont présentées des sculptures de toutes tailles : des immenses Nelson Mandela ou Charles de Gaulle aux statuettes figurant le peuple Nouba en passant par les guerriers Masaï et Zoulous, tout en muscles. La morphologie humaine n’avait pas de secret pour l’ancien kiné qui ne se consacra entièrement à l’art qu’à partir de 50 ans et connut rapidement un succès international.

Originally posted 2018-12-19 13:17:08.