Sibeth Ndiaye : Veil, Benalla, franc parler… Les journalistes la connaissent déjà

Sénégal

La nouvelle porte-parole du gouvernement est connue de tous les journalistes politiques, qui redoutent ses coups de sang. Récemment, son nom a été associé par Le Monde à l’affaire Benalla.

Elle oeuvrait dans l’ombre aux plans médias du candidat Macron, prodiguait ensuite conseils au président élu, remarques à son entourage et injonctions à tous les journalistes politiques qui s’étaient rendus coupables de présenter une actualité d’une manière qui le lui convenait pas. Sibeth Ndiaye, conseillère presse du chef de l’Etat, va désormais être bien plus exposée. Elle va devoir composer non plus seulement avec les médias mais avec l’opinion publique. Cette fidèle d’Emmanuelle Macron, pour qui elle travaille depuis ses années à Bercy, va rendre compte de l’action de l’exécutif, comme porte-parole du gouvernement. Un poste exigeant, délicat, une fonction que l’on confie à celles et ceux qui n’ont pas peur de se positionner en première ligne.

Sibeth Ndiaye le sait certainement, elle va devoir cadrer sa parole encore davantage. Par le passé, elle avait laissé échapper quelques petites phrases qui n’étaient pas passées inaperçues. Quelques semaines après l’élection présidentielle, L’Express publiait un article consacré à la communication du nouveau locataire de l’Elysée, et prêtait ces quelques mots à Sibeth Ndiaye : « J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président ». Des propos rapidement démentis par la principale intéressée, mais l’hebdomadaire n’a jamais remis en cause l’article publié. Ce lundi 1er avril, en conférence de presse, Sibeth Ndiaye a regretté que ses paroles aient été « extraites de leur contexte ». « Elles visaient à protéger la vie privée du président de la République dans un moment de vie personnelle, c’était ma fonction à l’époque », a-t-elle évacué devant les médias.

Protéger le président… des journalistes

Ce qui est certain, c’est que la conseillère du président se démène pour défendre le chef de l’Etat. Le rôle qu’elle a joué dans la riposte de l’Elysée, lorsque a éclaté l’affaire Benalla, demeure, dans cette perspective, assez obscur. Le Monde assure que des conseillers du Palais ont mis en ligne un compte Twitter relayant une vidéo pour relativiser les violences commises par Alexandre Benalla le 1er mai, ciblant directement Ismaël Emelien. Et le journal du soir ajoute que Sibeth N’Diaye aurait, elle-même, orienté quelques journalistes d’aller « voir un compte qui s’appelle ‘French Politic' », ajoutant : « Tu verras que Benalla n’est pas celui qu’on dit ».

Discuter avec les journalistes, faire quelques confidences et hausser le ton lorsqu’elle l’estime nécessaire, Sibeth Ndiaye sait faire. Une habitude qui l’a aussi amenée à quelques maladresses, comme lorsqu’elle confirme à un média le décès de Simone Veil, en août : « Yes, la meuf est dead », aurait-elle envoyé via SMS, selon le très informé Canard Enchaîné. Sibeth Ndiaye a, cela dit, assuré que ce message était « faux ». Pour autant, la conseillère a toujours, jusque-là, assumé le vocabulaire et le niveau de langage employé avec les médias. Il y a quelques mois, elle apparaissait dans le documentaire « Emmanuel Macron, les coulisses d’une victoire », en pleine séance de remontrances contre un journaliste des Inrocks : « Faites votre boulot les gars aussi. Franchement là, je suis saoulée. C’est pas du travail de journaliste ça, c’est du travail de sagouin ! », s’exclamait-elle, se sachant filmée.

Autre fait d’armes, diversement commenté par les experts en communication : c’est elle qui avait mis en ligne les images d’Emmanuel Macron, sur Twitter, en colère à la découverte d’un discours qu’il devait faire en juin 2018 au congrès de la Mutualité. « On met un pognon de dingue dans des minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas », lançait-il depuis son bureau. Un moment d’autorité censé parler à l’opinion, qu’avait voulu relayer sa conseillère com’. Avec le succès modéré que l’on sait.

Fabien Dabert