Rama Yade, cap sur l’Amérique et l’Afrique

Afrique

L’ancienne secrétaire d’Etat travaille en partie à Washington et se consacre aux questions africaines.

Par Alexandre Sulzer

Elle attend à une table derrière laquelle sont accrochées une photo de Nelson Mandela et une autre de Barack Obama. Pour nous raconter ses nouvelles activités, Rama Yade a choisi un restaurant africain du XVIe arrondissement de Paris au mur duquel s’affichent les portraits des personnalités noires les plus prestigieuses de l’histoire universelle. Comme un message. Depuis qu’elle a arrêté la vie politique, le monde est le nouveau terrain de jeu de l ‘ancienne secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy . On l’avait quittée sur une série d’échecs retentissants : après avoir échoué à la présidence du Parti radical dont elle a fini par se faire exclure, elle n’avait pas réussi à réunir un nombre de parrainages suffisant pour se présenter à la présidentielle de 2017. Aux législatives, elle était battue sèchement dans le Loir-et-Cher dès le premier tour avec 5,65 % des voix.

« J’avais besoin de changer d’air, de retrouver une feuille blanche », confie-t-elle. À Christine Lagarde, ancienne collègue au gouvernement, elle dit qu’elle aimerait travailler sur l’Afrique où elle a vu le jour il y a 42 ans, le « continent qui va dicter l’agenda international des années à venir ». La patronne du FMI lui conseille de voir Kristalina Gueorguieva, la directrice générale de la Banque mondiale. Le jour du rendez-vous, Rama Yade se présente dans les bureaux de l’institution financière à Paris. On lui dit que l’entretien est bel et bien prévu mais à… Washington ! Il sera donc reporté mais la capitale américaine va devenir le lieu de son nouveau parachutage.

Une vie de « single mum »

Fin 2017, elle commence à travailler sur un premier rapport consacré au sport et au développement en Afrique et multiplie les allers-retours entre le Vieux et le Nouveau continent. À l’été 2018, elle s’installe dans le quartier huppé de Georgetown avec sa fille Jeanne, 5 ans. « C’est mon côté migrant, ça, se remettre sur la route », rigole celle qui est arrivée en France de Dakar à l’âge de 10 ans. Son mari, Joseph Zimet, qui dirige la mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, reste en France. Aux Etats-Unis, Rama Yade dit vivre « une vie de single mum », de mère célibataire, avec son trajet d’une heure de route pour emmener Jeanne tous les matins à l’école française et ses « play dates », les rendez-vous que les parents prennent pour que leurs enfants s’amusent ensemble.

« Au début, les desperate housewives m’ignoraient, pensant que j’étais Afro-Américaine. Mais lorsqu’elles ont compris que j’étais française, elles me parlaient des croissants, de Paris…, soupire l’ancienne ministre. Je ne me suis jamais sentie aussi française que là-bas ». Ce qui ne l’empêche pas d’en profiter un maximum. « C’était le rêve américain, j’en fantasmais depuis que j’étais adolescente. Aux Etats-Unis, le talent et l’audace paient. Ce n’est pas le cas dans les pays où les héritiers trustent les places », grince la fille d’un ancien conseiller du président sénégalais Senghor.

Au sein de la banque mondiale, Rama Yade enchaîne sur une autre mission consacrée au handicap en Afrique avant de se rapprocher d’un prestigieux think tank réputé proche des Républicains, l’Atlantic Council. En juin, elle anime une table ronde sur l’argent de la famille du Congolais Joseph Kabila. « J’ai l’habitude de parler en public mais là, je tremblais. Il n’y avait que des Américains dans la salle, ça passait en direct sur C-Span( NDLR : l’équivalent de LCP aux Etats-Unis) , c’était le début de quelque chose ! », s’émerveille-t-elle encore aujourd’hui.

Le 5 août 2019 à 06h57, modifié le 5 août 2019 à 14h31

Elle attend à une table derrière laquelle sont accrochées une photo de Nelson Mandela et une autre de Barack Obama. Pour nous raconter ses nouvelles activités, Rama Yade a choisi un restaurant africain du XVIe arrondissement de Paris au mur duquel s’affichent les portraits des personnalités noires les plus prestigieuses de l’histoire universelle. Comme un message. Depuis qu’elle a arrêté la vie politique, le monde est le nouveau terrain de jeu de l ‘ancienne secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy . On l’avait quittée sur une série d’échecs retentissants : après avoir échoué à la présidence du Parti radical dont elle a fini par se faire exclure, elle n’avait pas réussi à réunir un nombre de parrainages suffisant pour se présenter à la présidentielle de 2017. Aux législatives, elle était battue sèchement dans le Loir-et-Cher dès le premier tour avec 5,65 % des voix.

« J’avais besoin de changer d’air, de retrouver une feuille blanche », confie-t-elle. À Christine Lagarde, ancienne collègue au gouvernement, elle dit qu’elle aimerait travailler sur l’Afrique où elle a vu le jour il y a 42 ans, le « continent qui va dicter l’agenda international des années à venir ». La patronne du FMI lui conseille de voir Kristalina Gueorguieva, la directrice générale de la Banque mondiale. Le jour du rendez-vous, Rama Yade se présente dans les bureaux de l’institution financière à Paris. On lui dit que l’entretien est bel et bien prévu mais à… Washington ! Il sera donc reporté mais la capitale américaine va devenir le lieu de son nouveau parachutage.

Une vie de « single mum »

Fin 2017, elle commence à travailler sur un premier rapport consacré au sport et au développement en Afrique et multiplie les allers-retours entre le Vieux et le Nouveau continent. À l’été 2018, elle s’installe dans le quartier huppé de Georgetown avec sa fille Jeanne, 5 ans. « C’est mon côté migrant, ça, se remettre sur la route », rigole celle qui est arrivée en France de Dakar à l’âge de 10 ans. Son mari, Joseph Zimet, qui dirige la mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, reste en France. Aux Etats-Unis, Rama Yade dit vivre « une vie de single mum », de mère célibataire, avec son trajet d’une heure de route pour emmener Jeanne tous les matins à l’école française et ses « play dates », les rendez-vous que les parents prennent pour que leurs enfants s’amusent ensemble.

« Au début, les desperate housewives m’ignoraient, pensant que j’étais Afro-Américaine. Mais lorsqu’elles ont compris que j’étais française, elles me parlaient des croissants, de Paris…, soupire l’ancienne ministre. Je ne me suis jamais sentie aussi française que là-bas ». Ce qui ne l’empêche pas d’en profiter un maximum. « C’était le rêve américain, j’en fantasmais depuis que j’étais adolescente. Aux Etats-Unis, le talent et l’audace paient. Ce n’est pas le cas dans les pays où les héritiers trustent les places », grince la fille d’un ancien conseiller du président sénégalais Senghor.

Au sein de la banque mondiale, Rama Yade enchaîne sur une autre mission consacrée au handicap en Afrique avant de se rapprocher d’un prestigieux think tank réputé proche des Républicains, l’Atlantic Council. En juin, elle anime une table ronde sur l’argent de la famille du Congolais Joseph Kabila. « J’ai l’habitude de parler en public mais là, je tremblais. Il n’y avait que des Américains dans la salle, ça passait en direct sur C-Span( NDLR : l’équivalent de LCP aux Etats-Unis) , c’était le début de quelque chose ! », s’émerveille-t-elle encore aujourd’hui.

Bientôt à la télévision

L’ex-secrétaire d’Etat intègre l’Atlantic Council au titre d’experte mais ne renonce pas pour autant à la France. À la rentrée, elle continuera son cours « L’Afrique au centre du monde » à Sciences-po Paris ainsi que sur son campus à Reims. En octobre surtout, elle doit animer une émission bimensuelle sur la chaîne panafricaine VoxAfrica . Elle interviewera « ceux qui font l’Afrique aujourd’hui », précise-t-elle. En 2012, Laurent Ruquier lui avait proposé, en vain, d’être chroniqueuse dans « On n’est pas couché ». M 6 avait essayé de la convaincre , sans succès, de présenter le JT de 19h45. Elle se laisse aussi l’été pour réfléchir à des propositions faites par des cabinets américains de stratégie économique. « Mais ça, c’est plus business orientation », dit-elle en franglais.

Bref, la politique est loin. « Ceux qui se retirent de la vie politique en disant qu’ils sont bien, je ne les croyais pas. Mais en fait, c’est bien ! », assure-t-elle. Elle n’a que peu de contacts avec ses anciens collègues du gouvernement. Nicolas Sarkozy l’a « gentiment » appelée en mai dernier lorsque son père est décédé. « Je ne dis pas que je ne reviendrai jamais, mais je ne prépare rien. De toute façon, même si j’en avais envie, ça ne suffirait pas. Il faut des circonstances. » Dans la rue, elle reste reconnue et populaire. « Mais ils étaient où ces gens quand j’avais besoin d’eux ? », ricane celle qui rêvait d’être au second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen. « Bien sûr que je me serais vue dans le job de présidente de la République », affirme-t-elle. Puis faisant mine de s’adresser aux Français : « Le jour où vous déciderez d’être grands, vous m’appelez ! »