Présidentielle: Tivaouane contre tout ‘’fondamentalisme politique’

Sénégal

La lutte contre toute forme d’extrémisme ou de fondamentalisme politique a été la préoccupation majeure de la haute hiérarchie tidjane, lors du Magal 2018 célébré à Tivaouane ce lundi.

A quelques semaines de l’élection présidentielle, le Khalife général des Tidjanes, Serigne Mbaye Sy Mansour, a saisi l’une des dernières occasions de s’adresser à la classe politique pour le faire en ses termes : ‘’Je dis aux partis politiques que la paix repose entre leurs mains. Il ne faut pas qu’on arrive au pire. Soyons unis dans la paix et la sérénité. Les politiques doivent savoir que le Bon Dieu n’a pas créé un être humain qui peut dire ses insanités sur son prochain impunément. On ne parle pas de la politique, mais plutôt de la paix. Seule la paix dans ce pays est belle. Dieu est le Détenteur absolu de la victoire; il connaît déjà le vainqueur de la présidentielle. Vous pouvez chercher la victoire, mais faites-le dans les règles de l’art, mais pas comme on a l’habitude de le voir. »

Avant cette sortie, il a eu à interpeller, sur la question, tous les leaders politiques qui  lui ont rendu visite lors du Gamou. C’est dire à quel point il en avait fait sa préoccupation majeure.

En effet, le fondamentalisme n’est pas seulement religieux. Il peut aussi être politique. Il s’agit d’un manque criard de tolérance et de mesure de la part de la classe politique qui verse le plus souvent dans des excès en tous genres, notamment sur le plan verbal.

Les passes d’armes auxquelles nous assistons viennent de tous les camps, contrairement à ce que croit savoir le Khalife, opposition et pouvoir. Idem pour les injures. Il n’y a pas un camp qui ne verse pas de temps en temps dans des excès.

Et d’ailleurs, parfois, c’est à l’intérieur des mêmes partis ou coalitions que les batailles se font entre militants ou alliés.

Le jeune leader Ousmane Sonko par exemple est la cible systématique de caciques du régime qui tentent de le dénigrer en le soumettant à un lynchage médiatique systématique.

Donc,  le Khalife a certes raison de dire que Macky ne verse pas dans ce type de comportement, mais en laissant ses partisans le faire, il n’en est pas pour le moins coupable.

Ce qui se passe, c’est que, dans notre pays, nous avons une façon singulière de mener le débat politique. Il se fait par les injures, les quolibets, les invectives, la délation, la vocifération, la jactance et la dénonciation.

Pour les hommes politiques, seul le résultat compte. Qu’importe la manière.

Bien entendu ce terrorisme verbal peut mener à des violences physiques, et ce que craint fondamentalement Tivaouane après Touba, Yoff et ailleurs.

C’est pourquoi, les guides religieux, soucieux du règne de la paix sociale et la concorde entre citoyens, ont évité de donner des consignes de vote comme cela avait semblé être le cas naguère. Tivaouane a souhaité joué pleinement son rôle de régulatrice sociale et de soupape de sureté pour garantir une paix durable. Et c’est tant mieux.

Car, la tension est montée d’un cran comme à chaque veille d’élections. Mais la particularité de celle-ci, c’est que les hommes politiques ne semblent être d’accord sur rien.

Le parrainage, le fichier électoral, le rejet probable de la candidature de leaders comme Khalifa Sall et Karim Wade, sont autant de sujets sérieux qui divisent.

Et comme il y a des radicaux dans chaque camp prêts à user de moyens de lutte non-conventionnels, il est important que la lutte contre ce ‘’fondamentalisme politique’’ se fasse par le plaidoyer et la sensibilisation des citoyens.

Ainsi, les foyers religieux ont joué leur partition. Aux politiques alors de prendre leurs responsabilités.

Toutefois, la paix va de pair avec le respect des règles du jeu, des adversaires, de leurs droits et une transparence absolue dans le processus électoral.

A ce propos, la responsabilité de l’administration chargée d’organiser les élections est primordiale.

Assane Samb

Originally posted 2018-11-22 22:35:58.