Présidentielle 2019 au Sénégal : Savoir raison garder… (par Ahmadou Fall)

Sénégal

Nous ne sommes pas encore le 24 février 2019 et voilà que dans l’arène politique, les coups pleuvent déjà… Du caxabal au bitterñi, du gal-gal au jallarbi sous parfum de suuxlu, et même des candidats envoyés chez Ardo avant l’heure !

Tous les coups semblent permis !

Lamb ji, au rythme du « Combine bëre » de notre You national qui, à mon avis, devait adopter une plus haute posture parce que l’Artiste est devenu malgré lui « Patrimoine de tous les sénégalais »…
Il ne risque alors pas d’être « Diazakalisé » parce que l’amour que lui voue les Sénégalais est têtu…
Les oppositions sont surexcitées par des discours et actes hostiles et qui dépassent la logique politicienne. Adversaires politiques certes, mais ennemis, certainement pas !

L’action politique n’est que la manifestation d’une opinion, d’une voie choisie et espérée pour soi et pour les autres… Les divergences doivent enrichir et ne point constituer des menaces…

Le réveil du Lion, devenu adepte de notre cher Mame Gorgui NDIAYE en matière de Bàkk, avec son « wathiathia » aux allures guerrières, et qui a, depuis longtemps, cessé d’être le Président de tous les sénégalais pour devenir le chef d’un parti en campagne électorale permanente.

A l’image du président MACRON, notre PR n’est toujours pas en phase avec sa population. Ses priorités à lui n’étant point celles des électeurs, fins observateurs et patients…

Les populations, meilleurs experts en ce qui les concerne directement ne se retrouvent plus dans les hommes qui sont censés les représenter. Et la fissure s’aggrave…

Cette tendance n’est pas seulement observable au Sénégal. En effet, en France aussi, le dogmatisme du « Maitre des Horloges » est sérieusement mis à l’épreuve. L’aiguille ne tourne pas dans le bon sens, ni au bon rythme. Le président MACRON semble complètement en différé face au mouvement des « gilets jaunes », ce phénomène social encore difficilement qualifiable : monstre politique insaisissable ou OGM de l’écosystème politique français ?

Les politologues, sociologues et autres adeptes de la sociologie politique ont du pain sur la planche !
Au Sénégal, le Président de la République, face à son peuple et ses urgences tenaces, se livre quotidiennement à des actions de politique politicienne…

L’opposition désorganisée, n’a pas su imposer, à temps, des conditions de déroulement d’un scrutin transparent.

Des sénégalais à bout, qui ont du mal à joindre les deux bouts, mais des sénégalais patients, debout et sur leurs gardes… La volonté de contrôle des moyens de communication sera rudement mise à l’épreuve malgré tout. On ne peut arrêter la mer avec ses bras…

Les électeurs qui découvriront leur disqualification le jour du scrutin pour « sabotage délibéré » de leur carte d’électeur et/ou mauvais aiguillages dans les bureaux de vote risquent de transformer leurs frustrations en débordements dangereux pour la stabilité de notre pays…
Le débat est quasi absent et la scène occupée par les adversités politiques aux allures guerrières. Une bonne partie de l’opposition est à côté de la plaque !

À ce jour, seulement trois prétendants sérieux devaient émerger et faire face au candidat sortant. Une coalition à la mesure des attentes des électeurs déçus du bilan du Président SALL qui a eu le mérite d’avoir sauvegardé une bonne partie de sa coalition gagnante tout son mandat durant. C’est un adversaire politique bien paré face aux enjeux de février.

Qui finalement face à Macky ?

Des échos me parviennent ; « Sonko, pour un and song ko » dans un combat de tous contre Macky ?
L’ancien inspecteur des impôts, devenu redoutable adversaire politique milite t-il en faveur d’une alternance générationelle, une alternance systémique, ou les deux à la fois ?
Ndamal Cadior, que dis-je ? Saa Thies semble reprendre du poil de la bête avec son 1-3-15-45. Sa blessure par balle qu’il s’était tirée dans le pied est visiblement cicatrisée. Mais la plaie est-elle complètement guérie ?

Toujours pas de femme au rendez-vous; la seule femme que tout le monde voyait franchir la barrière du parrainage pour entrer définitivement dans l’arène toujours dominée par les hommes est « curieusement disqualifiée »… Dommage !

Le fameux parrainage : un boulevard pour annuler des milliers de signatures et annihiler de facto des « candidatures indésirables » comme ce fut le cas pour Youssou NDOUR en 2012 et le Professeur Yoro FALL en 2007 ! Le président Macky SALL n’a pas été élu via parrainage… Et une procédure plus juste aurait été de menacer de retrait de récépissé aux partis qui n’atteindront pas le seuil de 1% en 2019.
Il est plus que temps de créer des conditions de dialogue dépassionné, pour que les prétendants s’entendent sur les conditions d’élections libres et transparentes…

Le président sortant de 2012, Abdoulaye WADE pour qui le rendez-vous ne devait être qu’une promenade de santé, groggy par une défaite inattendue s’interrogeait en déclarant, à Tivaouane : « xamuma fumu ma jaar ! »

Il venait de découvrir, tardivement et à ses frais, que les voies du Seigneur sont impénétrables…

A bon entendeur…

Originally posted 2019-01-10 02:33:39.