En Afrique de l’Ouest, les politiques urbaines plus proches des citoyens

Vive les villes ouest-africaines ! Et cap sur la vie de leurs habitants. Ceux d’aujourd’hui et ceux de demain. Travaillés au corps depuis des années par nombre d’élus, d’architectes et d’urbanistes locaux, les États et les collectivités territoriales ont enfin replacé les citadins au cœur des schémas directeurs, des plans de développement et des politiques territoriales.

C’est d’ailleurs l’une des raisons d’être et l’une des missions que s’est fixées le Conseil des collectivités territoriales de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) depuis six ans. Dans cette partie du continent plus que nulle part ailleurs, l’organisation des territoires a de tout temps reposé sur les solidarités – familiales, communautaires, sociales… – et l’articulation entre les espaces ruraux, les cités-marchés et les capitales.

Ces dynamiques ont heureusement perduré. Avec la nécessité d’adapter les métropoles existantes et les réseaux de communication pour que l’amélioration des conditions de vie et la croissance économique soient durables.

Cap sur l’aménagement des villes secondaires

De Lomé à Ouaga, de Dakar à Abidjan, en passant par Cotonou, les métropoles régionales se transforment et reprennent forme. Désormais, l’un des grands enjeux consiste à mobiliser les moyens pour l’aménagement et le développement des villes « secondaires » (100 000 à 500 000 habitants), au sein desquelles est attendue la plus forte croissance d’ici à 2050, alors que le rythme de celle-ci tend à ralentir dans les capitales.

Même si cette urbanisation se révèle encore rarement maîtrisée ou anticipée, même si, dans le bouillonnement ambiant des quartiers et les douloureuses opérations de déguerpissement (résultats de législations foncières inadaptées, mal préparées mais pour la plupart incontournables), le mieux-être des habitants ne saute pas toujours aux yeux, ces villes ouest-africaines, qui concentrent plus de la moitié de la population et de la jeunesse de la région, demeurent le lieu privilégié du développement humain et du progrès.

Leur croissance démographique s’accompagne d’une croissance économique réelle et pérenne. Elles génèrent plus des trois quarts du produit national brut des pays. Leur expansion dope les marchés de la construction ou de la consommation. Et les citadins ont aussi, plus que les autres, accès aux services essentiels : eau potable, assainissement, énergie, santé, éducation…

La décentralisation progresse

Pour nombre d’États et d’élus locaux, « gérer la ville » signifie encore souvent résoudre des crises au coup par coup. Les premiers n’ont généralement pas transféré aux seconds les compétences et/ou les moyens financiers de relever le défi. Mais la plupart ont engagé des réflexions voire des réformes sur la question.

Dans tous les pays de la région, cependant, la décentralisation progresse. C’est le cas notamment en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et bientôt au Togo, où la nouvelle loi sur la décentralisation a été adoptée fin juin (depuis 1987, les communes togolaises sont dirigées par des préfets et des délégations spéciales).

Lentement mais sûrement s’installe un partage un peu plus équilibré des prérogatives et des moyens entre l’État et ses services déconcentrés, d’une part, les élus locaux et les collectivités territoriales, d’autre part. De quoi rapprocher davantage les politiques de la ville des citoyens. Et placer les habitants au cœur des plans de développement en pensant à la fois à ceux d’aujourd’hui et à ceux de demain.

S’ils tiennent ce cap et s’en donnent les moyens – bien entendu, pas seulement financiers –, États, élus locaux, professionnels de la planification et de l’urbanisme disposent de toutes les cartes pour imaginer les cités du futur et préserver leur visage humain. Cette humanité si singulière qui fait toute l’âme et la force des villes ouest-africaines.

Originally posted 2017-08-29 12:55:54.