Commerce intra-africain : ce grand chantier du futur

Afrique

Malgré une progression appréciable, les échanges entre pays africains demeurent à un niveau relativement modeste. La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) vient de publier un rapport sur la situation actuelle, mais aussi sur les champions africains.

À 128,25 milliards de dollars, les transactions commerciales intra-africaines marquent une progression de 5,6 % par rapport à l’année 2016. Cela dit, elles restent bien en deçà des attentes. En 2017, le commerce intra-africain est retombé sous la barre des 15 % du volume total des échanges commerciaux du continent avec le reste du monde situé à 907,63 milliards de dollars. Précision : près de la moitié de ces échanges concerne le commerce des hydrocarbures.

Pourtant, le commerce intra-africain « constitue un élément susceptible de protéger le continent des chocs économiques extérieurs », expliquent les auteurs du rapport sur le commerce en Afrique d’Afreximbank, publié en marge de l’Assemblée générale 2018 de l’institution d’import-export tenue à Abuja, la capitale du Nigeria, du 11 au 14 juillet dernier. Parmi les apports importants du développement du commerce intra-africain : l’accélération du « processus d’industrialisation » et la mise sur le marché de produits manufacturés africains, lesquels, rappelle le rapport, occupent une place importante dans le commerce intra-africain, contrairement au commerce de l’Afrique avec l’extérieur. Si l’Afreximbank déplore encore des échanges insuffisants, elle précise toutefois qu’une « prise de conscience est de plus en plus perceptible » de la part des pays africains de l’intérêt à développer les échanges entre pays africains. Pour preuve : « le nombre croissant d’initiatives en ce sens, défendues par les chefs d’entreprise, les politiques et les institutions ». Des pratiques en phase avec leur temps. Car avec la concrétisation à venir de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), les banques de financement africaines – dont Afreximbank – se doivent de penser de nouvelles stratégies, afin d’entrer pleinement dans les défis que vont engendrer les nouveaux principes établis pour la zone, à savoir la suppression des barrières douanières et la réduction des frais de transport notamment.

La banque multiplie ainsi les projets à destination des États africains, et soutient « activement le développement des parcs industriels et des zones de traitement des exportations en Afrique », a affirmé son président Benedict Oramah, lors du discours de clôture de l’Assemblée. « Des projets d’environ 1,5 milliard de dollars sont déjà financés ou en cours de financement en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Gabon, au Togo, au Tchad et au Burkina Faso », a-t-il dévoilé. Une manière pour ce genre d’institutions d’informer les décideurs sur le commerce intra-africain, de gagner leur confiance, et de les convaincre de la diversité de ses échanges.

Hydrocarbures, mais aussi électricité et engrais

Sur tout le continent, les produits échangés sont divers : hydrocarbures, véhicules, minerais, produits plastiques, fer et acier, métaux précieux, sucre, huiles essentielles et produits cosmétiques, et engrais fertilisants font partie des produits les plus prisés.

Le Maroc est le principal exportateur d’engrais, et compte parmi ses meilleurs clients la Côte d’Ivoire (7,5 % du total des importations ivoiriennes proviennent du Maroc). Des exportations qui pourraient s’intensifier avec son adhésion à la Cedeao.

Les exportations de pétrole nigérian et angolais remplissent toujours les stocks des raffineries d’Afrique du Sud, du Togo, de Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Cameroun. À noter que, pour les auteurs du rapport, l’intégration régionale est toujours la priorité sur le continent, à l’image des données concernant les importations énergétiques. L’électricité ivoirienne est exportée en priorité au Liberia, et les exportations ghanéennes sont majoritairement à destination du Togo par exemple.

Les échanges dans le domaine de l’aquaculture continuent d’augmenter comme le démontrent les exportations en provenance du Maroc et de Sierre Leone. Quant à l’Algérie, elle a récemment signé un mémorandum d’accord destiné à stimuler les importations de café en provenance de Côte d’Ivoire, étant donné la préférence de l’Algérie pour le café Robusta d’Afrique de l’Ouest.

Originally posted 2018-07-22 01:42:32.