De la nécessaire consolidation de la paix en Afrique
L’année 2016 est inscrite, par quelques décideurs, dans le registre de ces ans sur lesquels, il faut nourrir énormément d’espoirs. Du fait d’une prise de conscience assez remarquable d’un certain nombre de fléaux qui retardent le continent, il y a lieu de se féliciter d’un tel état d’esprit. Cela veut dire que nous connaissons les limites de nos choix, les maladies de nos pays sont diagnostiquées et qu’il faut leur trouver des remèdes appropriés. Une remise en selle, par les gouvernants, du respect de l’autre, de ses droits et de ses choix est une bonne chose, puisque c’est le fondement de la vie de nos sociétés dans l’harmonie et la paix.
C’est peut être, pour l’union africaine, en 26ème sommet depuis le 21 Janvier à Addis Abéba, l’une des raisons pour lesquelles, cette année est celle des droits de l’homme, avec une primauté accordée aux droits des femmes. Un choix d’importance capitale, si l’on sait que sur le continent, parmi les maux qui gangrènent nos sociétés figurent le non respect de la personne et les violations de ses droits.
Que de l’espoir soit fondé en 2016 sur le continent est tout à fait justifiable, puisqu’après plus de cinquante cinq ans d’indépendance, nos pays sont toujours dans une quasi situation de règlements des questions primaires de la gouvernance. En longueur de journée, l’on se met à débattre de réduction et limitation des mandats, de modes de scrutin, de tripatouillages constitutionnels. Des questions qui étaient censées être réglées, à défaut par le législateur, au moins par la coutume. De plus en plus, certains pays ne légifèrent plus à tout prix par des lois, mais par la jurisprudence, la pratique courante qui fait que c’est ainsi et c’est tout, même si ce n’est écrit nulle part.
Le problème dans nos pays, c’est, à mon avis, que nous n’avons pas de vécus politiques multidimensionnels. En dehors de l’organisation des élections avec les meilleurs codes électoraux au monde, les passages à témoins à l’occasion d’alternances régulières, les évènements comme ceux du 21 juin 2011, et si l’on remonte le temps, la crise institutionnelle ayant opposé Senghor à Mamadou Dia, les manuels locaux de science politique sont vides d’histoires à retenir sur la gouvernance politico-électorale. En matière de coutume, le Sénégal peut se targuer et se consoler pour l’instant des règles élégantes de bienséance échangées entre un président sortant et son challenger après un scrutin.
C’est ce qui explique que de plus en plus, les chefs d’Etat sénégalais qui seront surclassés dans le futur lors d’un scrutin, ne trouveront pas à faire moins que leurs prédécesseurs, à savoir féliciter ceux qui les ont battus au soir même du scrutin. Cela commence à être rangé dans le registre de la coutume politique au Sénégal, et il va de soi que tous les dirigeants chercheront à s’y conformer.
Dr René Massiga Diouf