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SENEGAL-ENVIRONNEMENT-REPORTAGE / A Salguir, l’asséchement des marigots plombe les activités économiques

Salguir (Saint-Louis), 13 fév (APS) – Le village de Salguir, situé au nord-est de la commune de Gandondans la région de Saint-Louis, est confronté à l’asséchement progressif de ses trois marigots plombant les activités économiques comme l’agriculture et la pêche.

Autrefois appelé Salguir Diagne, cette localité comprend principalement un écosystème de trois marigots,  »Khant »,  »Ndjim » et  »Ndiasséou », qui jouait un rôle vital pour l’équilibre écologique et économique local. Une fonction perdue au fil des années à cause de l’asséchement progressif des marigots accentué par le déficit pluviométrique lié au changement climatique.

Situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Saint-Louis, Salguir subi les conséquences du changement climatique, qui ont entrainé, en plus du tarissement des marigots, une disparition de certaines espèces de la faune et de la flore de la zone.

Une visite de terrain organisée par l’African journalists forum, une association regroupant des journalistes et chercheurs africains, a permis de constater de visu ces impacts.

»Le problème qu’on est en train de vivre ici, il faut le replacer dans le cadre du changement climatique global’’, a expliqué Boubou Aldiouma Sy, professeur de géographie, géomorphologie au laboratoire ‘’Leïdi’’, dynamique des territoires et développement, du département de géographie de l’université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis.

»Le changement climatique global constaté à Salguir, n’est pas lié en réalité à la présence humaine mais à des saisons astronomiques naturelles, dont la saison sèche climatique que nous sommes en train de vivre actuellement », a-t-il précisé.

Il a indiqué que cette saison sèche remonte à 7 mille ans.  »Et, c’est cette saison d’ailleurs qui est à l’origine de l’asséchement des cours d’eau du Sahara, qui était verdoyant au néolithique’’, a-t-il relevé.

Le géographe a expliqué que le changement climatique global a pour effet de modifier les paramètres climatiques comme la température, l’ensoleillement, le vent, et la destruction des végétaux.

»Cette modification des paramètres climatiques renforce l’énergie éolienne et l’énergie hydrique et affecte aussi sensiblement les activités productives primaires de nos sociétés fondamentalement agraires », a dit le professeur.

»Elle perturbe également le tréfonds socio-culturel, les activités économiques, et favorise les phénomènes migratoires », a-t-il encore relevé, indiquant qu’une localité comme Salguir, est confrontée aux effets de ce changement climatique global qui oblige les populations locales à développer des aptitudes locales pour survivre.

»Ici dans le cas du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie et de la Guinée, la réaction d’adaptation des communautés face au déficit pluviométrique, a été la mise en place de l’Organisation pour la mise en valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) pour développer la culture irriguée », a-t-il cité en exemple.

Selon lui, la mise en place de cette organisation est une réponse au déficit pluviométrique qui s’est installé depuis les années 70.  »La réponse des communautés face ce phénomène naturel, était donc, la construction des barrages à Manantali au Mali et à Diama, près de Saint-Louis ».

Il a expliqué qu’entre ces deux barrages, il y a un ensemble d’endiguement pour maîtriser l’écoulement du Fleuve Sénégal et mieux utiliser l’eau à des fins d’irrigation des périmètres agricoles villageois.

»De telles mesures, ont tendance à modifier sensiblement la circulation naturelle de l’eau dans le lit mineur et dans la vallée du fleuve », a-t-il souligné, ajoutant que cet endiguement à partir du barrage de Diama, permet également, d’empêcher la remontée de la salinité vers l’est.

Boubou Aldiouma Sy a expliqué par ailleurs que la fréquence du déficit pluviométrique, de l’ensoleillement et du vent traduit une sécheresse prononcée, une dégradation très prononcée des végétaux et des phénomènes d’aspiration.   »On parle, dans pareille situation de thermo capillarité », a-t-il déclaré.

Les activités productives primaires menacées 

Concernant la terre, un support des activités productives primaires, il a indiqué qu’il est en passe de se dégrader à Salguir du fait de la modification des paramètres climatiques.

‘’Le support (terre) des activités productives primaires (agriculture, élevage, pêche, commerce) est en train de se dégrader de façon sensible dans la zone de Salguir », a-t-il réitéré, appelant à mieux comprendre ces phénomènes à l’origine de la thermo capillarité et du changement climatique global.

»Il faut comprendre la façon dont le changement climatique se manifeste sur les végétaux, sur l’eau, sur l’agriculture, sur l’élevage, sur les hommes et surtout sur les sols pour atténuer les impacts », a-t-il recommandé.

Cependant, a-t-il ajouté, une fois que tout cela est compris, il faudra mettre en place des dispositifs pour minimiser ou bien freiner ces phénomènes naturels dans le but d’arriver à des exploitations plus durables.

Le journaliste René Massiga Diouf, président de l’association African journalists forum, a expliqué que cette visite de terrain vise à sensibiliser les journalistes, alerter l’opinion et les autorités sur les effets du changement climatique à Salguir.

Il a précisé que cette visite des membres de l’association African journalists forum s’inscrit dans la continuité des activités entamées depuis quelques mois dans plusieurs localités pour sensibiliser les autorités sur les effets des changements climatiques.

»Dans le cadre de ces activités, on était dernièrement, à Pilote Bar, Tassinère et Doun Baba Dièye et Keur Bernard, des localités situées dans la zone côtière de Saint-Louis », a-t-il rappelé.

»Aujourd’hui, encore on essaie de montrer une autre facette des manifestations du changement climatique à Salguir’’, a-t-il ajouté, soulignant que ce village stratégique jouait par le passé un rôle important, dans la production de produits agricoles et le débarquement de ressources halieutiques.

»C’est une zone qui approvisionnait pratiquement toutes les villes environnantes en produits agricoles, en poissons et dérivés », a-t-il relevé, expliquant que cette visite de terrain vise à montrer  »la place et l’importance de Salguir » dans les activités productrices mais aussi à documenter les effets locaux du changement climatique.

»C’est pour cela, pour être au complet, dans le cadre du travail que nous faisons depuis quelques années, il était de notre devoir de venir ici pour montrer aussi, les effets du changement climatique, une réalité qui doit être prise en compte par les autorités », a souligné M. Diouf, par ailleurs journaliste à la RTS, la télévision publique.

L’asséchement des trois marigots plombe les activités économiques

Il a relevé qu’aujourd’hui à Salguir, plusieurs activités économiques comme la pêche et l’agriculture sont au ralenti à cause de l’asséchement des trois marigots de la zone.   »Ces points d’eau, a-t-il rappelé, permettaient aux populations de pratiquer la pêche, en plus de pratiquer le maraîchage dans les zones environnantes ».

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»Aujourd’hui, le changement climatique a un impact considérable sur pratiquement tous ces écosystèmes. Donc, si on n’alerte pas, si on ne met pas l’accent là où il se doit, peut-être que d’ici quelques années, on va assister à des conséquences néfastes dans cette zone mais aussi pour le Sénégal de manière générale, a-t-il prévenu.

Le typha, l’autre difficulté à Salguir

Outre la dégradation des terres agricoles, l’asséchement des trois marigots, les écosystèmes humides de Salguir sont confrontés à la prolifération du typha, une plante aquatique envahissante.

Dame Diagne, membre actif de l’association inter villageoise (AIV), n’y va pas par quatre chemins pour exprimer son désespoir.

‘’Nous rencontrons beaucoup de difficultés avec la prolifération du typha. Cette plante envahissante cause des difficultés au développement des activités productrices des populations villageoises », a-t-il déploré.

»A l’époque, la pêche, le maraîchage étaient rentables dans le village. Mais aujourd’hui, presque tous les jeunes ont migré vers la ville de Saint-Louis faute d’activités génératrices de revenus. Ce phénomène d’exode rural est dû aux effets désastreux du changement climatique sur les activités productrices’’, a-t-il expliqué.

M. Diagne plaide en outre pour l’accès du village à l’électricité.  »C’est un village traditionnel fondé depuis 1932 par nos grands-pères », a-t-il renseigné, appelant également à désenclaver leur localité à travers la construction d’une route.

Créée en 2012, African journalists forum se veut une plateforme d’échanges et d’actions au service des médias et des populations africaines.

Cette association ambitionne de faire connaître les problèmes de développement auxquels le continent se trouve confronté en mettant à la disposition des populations, les outils nécessaires à leur résolution.

CGD/AB/ASB/OID

Par Cheikh Gawane Diop

Salguir Diagne, un village sous la hantise des végétaux aquatiques envahissants

Le visiteur qui débarque pour la première fois à Salguir, une localité de la commune de Gandon, située dans l’arrondissement de Rao, à une vingtaine de kms de Saint-Louis, sera forcément en contact avec ces braves jeunes et femmes, qui triment dur pour survivre et subvenir aux besoins de leurs familles.

Dans les griffes de la débrouille au quotidien, ils font partie des paisibles habitants de ce village, qui s’activent dans le maraîchage, l’embouche bovine et ovine, dans la pêche. De nombreux bras valides de ce terroir ont pu trouver un emploi décent dans les champs des Gds (Grands Domaines du Sénégal). Leur principale doléance est relative à la nécessité d’enlever ces végétaux aquatiques envahissants, notamment le Typha Australis (Barakh en wolof), le Salvinia Molesta et autres herbes sauvages, qui empêchent l’eau de circuler correctement dans leur marigot.

A partir du croisement de la maternité de Mbarigo, le gravillon scintille de son rouge grenade lorsque les rayons solaires se reflètent sur ses cristaux. Il crisse sous les pneus des véhicules de transport en commun et autres vieilles guimbardes poussives et brinquebalantes.

Ce samedi du 25 janvier 2025, le parfum des feuilles d’accacia se dissipe dans cette masse d’air froid qui nous égratigne l’épiderme. Ici, la nature est en harmonie avec un tapis herbacé plus ou moins fourni, qui se déroule à nous couper le souffle.

Entre Tilleu Boye et Salguir, les images insolites se déplacent à tout bout de champ. Les autotrophes (végétaux) et les hétérotrophes (les hommes et les animaux) s’épanouissent. Quelques vaches grasses et dodues broutent la pelouse. Nous devons encore emprunter des pistes sinueuses, escarpées et ellipsoidales pour progresser vers Salguir. Les paysans sont accueillants et nous présentent une mine joviale.

A Salguir, les deux jeunes et le chef de village Baye Diagne, que nous avons interrogés, se sont appesantis sur l’espoir d’une vie meilleure avec le faucardage des plantes aquatiques envahissantes.

D’autres questions posées à deux notables du village, nous ont permis de revivre le naufrage collectif d’une pirogue qui traversait le fleuve en 2016.

En effet, une famille a été décimée dans le village de Salguir Diagne, dans la commune de Gandon. Une localité très enclavée dans la zone des trois marigots. Le drame a eu lieu un jeudi, vers les coups de 19 heures. Quatre dames et trois de leurs enfants âgés entre deux et trois ans ont perdu la vie dans le chavirement de leur embarcation sur un affluent du fleuve.

Trois autres personnes ont pu échapper au naufrage. Au total donc, une dizaine de personnes sont mortes, noyées dans cet affluent du fleuve.

Ce soir-là, ces femmes retournaient des champs avec leurs enfants, à califourchon sur le dos, après une journée de labeur. Les sapeurs-pompiers n’ont pu repêcher que huit corps sans vie. Un garçon de treize ans n’a pas été retrouvé. N’ayant pas à leur disposition d’infrastructures routières adéquates, les populations de ce village s’exposent souvent au danger, lorsqu’elles sont à bord des pirogues de fortune.

Mbagnick Kharachi Diagne

Dame Diagne relaie le cri du cœur des populations de Salguir

Dame Diagne est le fils du chef de village de Salguire Diagne. Il est également le Secrétaire Général de l’Association inter villageoise des 18 villages situés dans la zone des trois marigots du delta du fleuve Sénégal.

Avant l’apparition du Typha dans notre village, se rappelle avec amertume Dame Diagne, « nous vivions dans le bonheur, dans l’abondance de produits maraîchers, de carpes, tilapias et autres espèces de poissons d’eau douce, avec ces changements climatiques, nous n’arrivons plus à survivre ».

Dame Diagne semble confirmer les propos de son oncle Mamadou Diagne, qui précise que les populations disposaient jadis de nombreuses espèces de poissons telles que le Ndiaguel, le Yess (poisson chat, souvent transformé en Guédj-yess), le Guélakh, etc.

De plus, a-t-il ajouté, du fait de présence du Typha sur les plans d’eau, du manque notoire d’éclairage public, l’insécurité s’est installée à Salguire, « l’Etat doit impérativement nous aider à connecter notre village au réseau électrique, car, sans électricité, nous ne pourrons jamais prendre en charge notre propre développement ».

Seuls nos concitoyens qui disposent des moyens financiers consistants, a-t-il souligné, parviennent à faire de l’agriculture à Salguir Diagne et dans les localités environnantes, « le Gouvernement doit, dans les plus brefs délais, réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour nous aider à fixer définitivement nos jeunes dans notre propre terroir ».

Mbagnick Kharachi Diagne

SOS pour les populations de Salguir Diagne

Dans un communiqué de presse, l’Ajf a mis en exergue la rareté d’espèces halieutiques qui faisaient de Salguir une zone pourvoyeuse de poissons pour la localité de Ross-Béthio.

 Ainsi, l’assèchement continu des marigots marquant un coup d’arrêt au maraîchage, activité vitale pour les populations en termes de disponibilité de revenus, la disparition d’une faune et flore qui rendaient la zone particulièrement riche de sa superbe, sont autant d’éléments qui doivent alerter.

Ces maux notés, ajoutés à d’autres, ont pour seul et unique cause : le changement climatique qui rend vulnérable Salguir surtout aux chocs.

On relève dans ce document remis à la presse, que les conséquences humaines peuvent être tragiques dans les années à venir, allant de l’arrivée de nouveaux phénomènes engendrant des catastrophes pour la faune, la flore, mais aussi l’humain. L’impraticabilité de certaines activités du fait de changements géomorphologiques, de même que les disparitions de standards environnementaux, ligne de démarcation vers une situation de périls majeurs, sont le pire à craindre, et pourtant à venir pour les localités comme Salguir.

C’est la raison pour laquelle, l’association African Journalists Forum a organisé cette visite à Salguir, dont le but est d’alerter sur ces périls et d’attirer l’attention des gouvernants sur les conséquences tragiques attendues de cette situation.

Mbagnick Kharachi Diagne

« L’Ajf va élaborer des documents sur l’ampleur des changements climatiques »

Dans l’entretien qu’il nous a accordé au village de Salguire Diagne, le président d’African Journalists Forum (Ajf), Dr René Massiga Diouf, a rappelé que cette visite de presse organisée à Salguire avait pour objectif majeur de permettre aux médias de documenter l’ampleur des changements climatiques, à travers des ramifications visibles, surtout la perte de la biodiversité, et d’alerter sur les conséquences graves et dangereuses sur ces localités.

Cette visite, a-t-il précisé, « est la continuité de ce que nous avions fait à Tassinère, Pilote-Barre, Doune Baba Dieye, Keur Bernard ».

Nous avions, a-t-il poursuivi, organisé des visites de presse dans ces zones côtières pour nous imprégner des conséquences des changements climatiques notés depuis quelques années dans ces villages du Gandiolais.

A Salguire Diagne, a-t-il souligné, nous nous sommes évertués à montrer une autre facette de la manifestation de ces changements climatiques.

Dans ce village, a-t-il fait remarquer, « du fait de ces changements climatiques, les populations ne parviennent plus à s’adonner au maraîchage et à la pêche fluviale ».

Les problèmes sociaux et économiques dus aux changements climatiques et notés dans la zone côtière, ont été portés à l’attention de L’Etat, des bailleurs de fonds et autres partenaires du Gouvernement.

Après la visite de presse organisée à Salguire Diagne, a-t-il fait savoir, African Journalists Forum (Ajf) compte organiser un grand atelier d’échanges et de partage des résultats et des enseignements tirés de ces visites, « ce qui nous permettra d’élaborer ensuite des documents qui seront mis à la disposition de l’Etat et de ses partenaires ».

Auparavant, Dr René Massiga Diouf a rappelé que le village de Salguir fait partie d’un grand ensemble nommé la zone des trois marigots, elle-même située dans le cercle d’un espace plus étendu, appelé Delta du fleuve Sénégal, couvrant 46 000 ha.

Ce dernier regroupe trois parcs nationaux, deux réserves de faunes et une réserve communautaire, une aire marine protégée, existant dans une réserve biosphère transfrontalière.

Outre Salguir, plusieurs autres villages contribuent à rendre cette grande zone vitrine d’une belle, immense, et attrayante biodiversité.

Malgré ces facteurs de richesse d’une zone connue pour ses ressources naturelles sans commune mesure, le péril guette.

Dossier sur la visite de presse organisée à Salguir Diagne

African Journalists Forum (Ajf), une association créée en 2012 et qui regroupe des journalistes et des chercheurs de plusieurs pays du continent, se définit comme une plateforme d’échanges et d’action au service des médias et des populations africaines.
Après Tassinère et Pilote Barre, les responsables de cette association ont organisé une visite de presse les 24 et 25 Janvier 2025 à Salguir Diagne.
Dans ce village, du fait de l’asséchement des trois marigots qui l’entourent (zone des 3 marigots), de l’occupation des plans d’eau par le Typha australis (espèce végétale sauvage communément appelée Barakh en wolof), les populations ne parviennent plus à y mener des activités maraîchères et à y pratiquer la pêche fluviale (pêche continentale).

Le Professeur Boubou Aldiouma Sy nous explique, dans ce reportage, les phénomènes qui sont à l’origine des changements climatiques et leurs conséquences, notés à Salguire et dans la zone des 3 marigots.

 Pr Boubou Aldiouma Sy

« Les saisons sèches, astronomiques, climatiques, remontent à 7000 ans »

Selon le Professeur de Géographie et de géo morphologie, Boubou Aldiouma Sy, en poste à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, la localité de Salguire Diagne, située dans la commune de Gandon et faisant partie des 18 villages de la zone des trois marigots du delta du fleuve Sénégal, est un espace géographique.

Ce village, créé en 1932, est niché dans les marges du moyen delta du fleuve Sénégal. Pour y accéder, il faut nécessairement passer par Mbarigo et Tilleu Boye, localités situées à une vingtaine de kilomètres de la commune de Saint-Louis.

A en croire le Pr Sy, les problèmes environnementaux notés à Salguire Diagne et dans les localités environnantes, sont placés dans le contexte des conséquences désastreuses engendrées par les changements climatiques.

Ce phénomène des changements climatiques, a-t-il précisé, n’est pas lié à la présence humaine dans ces zones. Ces problèmes d’environnement sont dus au phénomène des saisons sèches, astronomiques, climatiques, qui remontent à 7000 ans, « c’est un phénomène normal, naturel et lent ».

A cause de ce phénomène naturel, a-t-il poursuivi, le Sahara, qui était verdoyant au Néolithique, s’est asséché au fil du temps, « c’est-à-dire, depuis 5000 ans ».

Au passage, il convient de rappeler que le Néolithique est une période préhistorique marquée par de profondes mutations techniques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’un modèle de subsistance fondé sur l’agriculture et l’élevage. Les principales innovations techniques de cette période sont la généralisation de l’outillage en pierre polie, la poterie, le tissage, ainsi que le développement de l’architecture.

Le Pr Boubou Aldiouma Sy a laissé entendre que nous sommes à mi-parcours de ces saisons sèches, astronomiques, climatiques. Ces phénomènes ont pour effet de modifier les paramètres climatiques, « des changements sont ainsi notés sur la température, l’ensoleillement, les vents, etc ».

Ainsi, a-t-il fait savoir, les conséquences désastreuses engendrées par les changements climatiques, sont à l’origine de la destruction des paysages végétaux, du renforcement de l’énergie éolienne et de l’énergie hydrique.

Ce phénomène, a-t-il souligné, affecte sensiblement les activités productives primaires menées dans des zones telles que Salguire, et accentue les flux migratoires, les déplacements massifs de nombreux jeunes et autres bras valides domiciliés dans ces villages.

Par Mbagnick Kharachi Diagne

​Saint-Louis : l’assèchement des trois marigots gangrène l’économie de la zone de Salguir

Les trois marigots, vitaux pour l’équilibre écologique et économique local de la zone de Salguir DIAGNE, sont en proie à l’assèchement. La prolifération du typha, associée aux conséquences des changements climatiques, compromet l’hydraulicité de ces cours d’eau, entraînant des répercussions désastreuses sur la pêche et les activités agricoles. 

« Les changements climatiques combinés aux endiguements successifs à la construction du barrage de Diama ont provoqué un bouleversement de la circulation naturelle de l’eau », a expliqué le professeur Al Diouma SY.

« Ces modifications perturbent non seulement l’écosystème aquatique, mais affectent également les communautés qui dépendent de ces ressources pour leur subsistance », a ajouté le Géomorphe.

« Avec la hausse des températures, les sels qui étaient dans le sol ont tendance à remonter en surface. Ces éléments tuent les végétaux naturels et cultivés, diminuent les rendements et perturbent la situation socioéconomique des populations », a-t-il laissé entendre. 

La détérioration des conditions de vie des habitants de la zone de Salguir DIAGNE, Goback NGOM et Thilla BOYE est corroborée par les témoignages poignants de Dame DIAME, membre de l’association intervillageoise des trois marigots. 

Face à cette problématique, l’African Journalist Forum a mobilisé des journalistes pour explorer les impacts de ces changements écologiques.

« Nous étions récemment dans la zone côtière sur la Langue de Barbarie et dans le Gandiolais. Aujourd’hui, nous voulons examiner une autre facette des changements climatiques », a déclaré René Massiga FAYE, président de l’organisation.

« Cette initiative vise à sensibiliser les autorités sur l’urgence de la situation et à encourager les actions nécessaires pour préserver ces écosystèmes menacés », a poursuivi M. FAYE.

ndarinfo.com

Changement climatique : Le village de Salguir perd ses atouts économiques

Situé à une vingtaine de kilomètres de Saint-Louis, le village de Salguir était tristement sorti de l’anonymat après le chavirement en 2016 d’une pirogue ayant causé la mort de neuf personnes. Ce drame avait poussé les autorités à construire un pont pour faciliter la traversée de la population. Cependant, bien que ce danger ait été écarté, une autre menace plane désormais sur ce village fondé en 1932 : le changement climatique.

Salguir, un village ancien, fait partie d’un grand ensemble nommé la « zone des trois marigots », elle-même incluse dans le Delta du fleuve Sénégal, un espace de 46 000 hectares. Cette zone abrite trois parcs nationaux, deux réserves de faune, une réserve communautaire et une aire marine protégée, le tout formant une réserve de biosphère transfrontalière.

Outre Salguir, plusieurs autres villages contribuent à faire de cette zone une vitrine exceptionnelle de biodiversité.
Pourtant, malgré cette richesse naturelle, le péril est imminent. La raréfaction des espèces halieutiques, qui faisaient autrefois de la zone un important pourvoyeur de poissons pour la localité de Ross Béthio, l’assèchement continu des marigots, mettant un terme aux activités de maraîchage, et la disparition progressive de la faune et de la flore, privent cette région de ses principaux atouts économiques.
C’est dans ce contexte que l’association African Journalists Forum a organisé une visite afin d’alerter sur ces périls et d’attirer l’attention des gouvernants sur les conséquences tragiques de cette situation.
Selon Dame Diagne, secrétaire général de l’Association des Intervillages, le changement climatique pousse de nombreux jeunes à quitter le village pour chercher du travail ailleurs :
« Par le passé, le village était très prospère. On pouvait aller pêcher tranquillement et revenir avec beaucoup de poissons, mais maintenant, avec le changement climatique et la prolifération du Typha, il est difficile d’en trouver. C’est la même chose pour l’agriculture, dont les rendements ont nettement diminué », a-t-il déploré.
Le professeur de géographie Boubou Aldiouma Sy explique que les problèmes actuels de Salguir doivent être replacés dans le contexte plus large du changement climatique global : « Le changement climatique modifie les paramètres climatiques, tels que la température, l’ensoleillement ou les vents, ce qui perturbe sensiblement les activités productives primaires. Ces changements affectent les paysages végétaux, renforcent l’énergie éolienne et hydrique, et perturbent les sociétés, notamment à travers des phénomènes migratoires.

Le Sahara, par exemple, s’est asséché, il y a environ 5 000 ans à cause d’une saison astronomique qui a commencé, il y a 7 000 ans. Nous sommes actuellement à mi-parcours de cette période. Ces transformations ont des effets directs sur des zones comme Salguir, qui subissent une perte de biodiversité et de productivité. »
René Massiga Diouf, président de l’African Journalists Forum, a précisé l’objectif de cette visite :
« Nous cherchons à documenter et à montrer les effets des changements climatiques sur cette zone. Salguir était autrefois stratégique, produisant des quantités importantes de produits agricoles et halieutiques pour alimenter les villes environnantes. Aujourd’hui, cette activité tend à disparaître, entraînant des conséquences graves non seulement pour les populations locales, mais aussi pour l’ensemble de la région. » Face à ces défis, il devient urgent que les autorités et les communautés locales s’unissent pour préserver ce patrimoine naturel unique, et, avec lui, l’avenir économique et social de Salguir et de la zone de trois marigots.

Par: Babacar SENE( Correspondant) Saint-Louis