Banque africaine de développement: Batailles tenaces d’influence, mais au prix de servir l’Afrique

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La course pour la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) est lancée pour succéder au nigérian Adesina Akinwumi dont le mandat expire mi- mai 2025. Sur fond de tractations en.coulisses et de déploiement timide pour l’instant des machines diplomatiques de NDjaména à Lusaka, Confidentiel Afrique a recueilli en exclusivité le décryptage de l’éminent Professeur Tchadien, Zakaria Ousman Ramadan, Directeur du Centre Tchadien des Études Stratégiques et Recherches Prospectives 

Elle s’est acccélérée au fur et à mesure que l’on s’approche de la date de clôture des dépôts des candidatures. En effet, les zones et groupements d’intérêts économiques du continent commencent à préciser discrètement leur choix et préférence.
En tous les cas, il faut rappeler qu’Il s’agit d’élire le pays dont le ressortissant sera choisi et non du candidat lui-même. Le poste de Président de la BAfD est certes stratégique mais il est imminement politique, d’où l’intérêt pour les différents gouvernrments de se mêler à la danse pour donner un coup de pouce à leur ressortissant.
Par conséquent, le poids économique du pays et sa diplomatie sont deux critères extrêmement importants.

Quelle chance pour le Tchad?

Le Tchad descend sur les arènes avec ses arguments politiques etéconomiques, ainsi que ses avantages comparatifs. Le candidat Tchadien a sur son tableau de bord plusieurs cartes. Il convient de noter qu’à ce point, tous les états majors des pays engagés dans cette course peaufinent leurs stratégies dans les moindres détails.
Disons que la chance des candidats issus de certains « petits pays » pourrait dériver de la malchance des candidats de certains « poids lourds du continent ». Comme en toute chose, l’excès de confiance tue. La victoire dans le football s’obtient au dernier coup de sifflet.

La carte de l’efficacité diplomatique

Rien n’est donc joué d’avance car les alliances et les éventuels soutiens des candidats sont susceptibles d’évoluer dans un sens comme de l’autre.
La geostrategie et la logique des intérêts détermineront les soutiens ou non des « Non-Régionaux ». Il faut attirer et fidéliser les partenaires avec des arguments de poids.
Avec l’annonce de la candidature Sénégalaise, Mauritanienne, Béninoise en plus de celle de la Zambie et de l’Afrique du Sud ( unique femme en lice), les voix se diviseront en fonction des affinités de circonstances et intérêts du moment.
En principe, les candidats se valent plus ou moins, sur le plan professionnel et académique tout en sachant que « le diable se trouve dans les détails ».
Les choses risquent de se compliquer davantage si on examine à la loupe, les CV des candidats dont le Biodata de certains poids lourds. Le vote des non- régionaux fera la différence dans une Afrique fragmentée. Si le choix pour le UK, Canada, US, Japon, Chine etc, sera facile, la France aura du mal à libérer sa voix entre le Bénin (soutien inconditionnel de la France en Afrique de l’Ouest), la Mauritanie (producteur de gaz, producteur de fer, producteur de l’or, producteur de pétrole, zone de pêche la plus importante du continent), le Tchad (base française et fidèle allié dans la lutte contre le terrorisme au Sahel) et le Sénégal ( producteur de Gaz, de pétrole, base française, quartier latin, producteur de phosphate, modèle réussi de démocratie exemplaire).

L’Afrique du Sud fait le pari du genre avec Mme Swazi Tshabalala 

Faute d’un consensus politique sur le choix d’un président, le choix se décidera sur la base de l’examen des CV des candidats. Si tel devait être le cas, l’arbitrage sera très serré entre 3 candidats phares de cette élection dont la Sud-Africaine qui, a compétence égale, sera préférée probablement au nom de l’égalité de genre et de la rotation, homme- femme dans une telle institution continentale.

Voici par ordre chronologique les différents présidents de la BAD:
1. MAMOUN BEHEIRY Soudan. Novembre 1967- Août 1970
2. ABDELWAHAD Labidi, Tunisie. Août 1970 – Mai 1976
3. Kwame Donkor Fodwor, Ghana. Mai 1976 – Juillet 1978
4. Goodall Gondwe, Malawi. 1979 – 1980
5. William D’Israël Mung’Omba, Zambie. Juin 1980 – Mai 1985
6. Babakar Ndiaye. Sénégal Mai 1986 – Août 1995
7. Oumar Kabbaj Maroc Août 1996 – Août 2005
8. Donald Kaberuka Rwanda Sep 2005 – Août 2015
9. Akinwumi Adesina Nigeria. Mai 2015 – Mai 2025
En résumé on peut retenir qu’il ya eu:
-Trois (03) présidents d’Afrique du Nord
-Trois (03) présidents d’Afrique de l’ouest
-Deux (02) présidents d’Afrique autrale
Un (01) d’Afrique centrale si on considère que le Rwande fait toujours partie de l’Afrique centrale.
Et si le Rwanda fait plutôt de l’Afrique australe alors, il ya Trois (03) pays de l’est.
Les pays lusophones et la Guinée Equatoriale n’ont pas eu leur part de gâteau en temps qu’états membres . Leurs chances demeurent intactes en l’état actuel, puisque les 3 autres zones linguistiques du continent : arabe, française, anglaise, ont été déjà servies.
Les prières seules ne suffiront pas pour tel ou tel candidat, il faut mettre en marche la machine diplomatique.
Il ne reste qu’à souhaiter aux différents candidats bonne chance dans cette quête de pouvoir. Mais pour servir exclusivement l’Afrique.
Que le meilleur gagne car toute victoire dans ce cas sera celle du continent africain.

Par le Professeur Zakaria Ousman Ramadan

Directeur du Centre Tchadien des Études Stratégiques et Recherches Prospectives

Chadian Center for Strategic Studies and Prospective Research

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