Vente aux enchères du Sénégal à la Chine par le président Sall

Editorial

Tout ce que nous faisons avec la Chine – j’insiste là-dessus – est parfaitement maîtrisé, y compris le volet financier, le volet de la dette ». « Nous ne devons pas avoir la conscience perturbée par les critiques faites sur la nature de nos relations avec la Chine ». Tels étaient les propos du président Macky Sall.

Pendant ce temps, le Sénégal est en train de s’endetter à un rythme très rapide car profitant de prêts concessionnels sans condition de la part de la Chine. La possibilité d’emprunter ne doit pas être une raison d’emprunter pour se bâtir un bilan. Monsieur le ministre de l’Economie et des Finances doit savoir que ce n’est pas sûr de mettre tous nos œufs dans le même panier. Même si les prêts proposés par la Chine ont l’air plus raisonnable à court terme, il faut penser au long terme quand la majeure partie de notre dette serait détenue par une seule nation, l’empire du Milieu.

Ila Touba- cette réalisation est considérée comme l’une des plus grandes réalisations de l’histoire de notre pays. Un prêt concessionnel de la Chine de 416 milliards remboursables sur 25 ans avec un taux d’intérêt de 2%. Nous paierons un peu plus de 112 milliards au bout de 25 ans en intérêt donc le prêt nous coutera aux environs de 530 milliards.

Train Express Régional- le gouvernement a avancé un montant de 568 milliards pour la réalisation de ce projet. L’Etat du Sénégal a financé un peu plus de 110 milliards et les 458 milliards sous forme de prêt semi-concessionnels de 3% sur 25 ans. Cela résultera d’un service de la dette de 26 milliards par an pendant 25 ans. Sur 25 ans nous allons payer un peu plus de 240 milliards en intérêt pour un cout total de 800 milliards.

En 2013, la chine avait octroyé au Sénégal un prêt sans intérêt de 3,2 milliards ainsi qu’une subvention de 8,8 milliards pour le financement de différents projets.

Entre 2012 et 2017, plus de 1000 milliards ont été injectés par la Chine au Sénégal sous forme de don et ou sous forme de prêts concessionnels. La majeure partie était pour le financement du Plan d’actions prioritaires du PSE.

Les prêts chinois ont peu d’impact sur notre économie et nous endettent d’une manière tellement rapide qu’il faudrait sonner l’alarme pour que cela arrête. J’entends souvent dire que la Chine nous a fait un don sans contrepartie. En regardant de plus près, on se rend compte que ces prêts et ces dons sont très stratégiques et ne sont pas octroyés à n’importe quel pays. Ce sont des pays qui ont des ressources naturelles ou qui sont géographiquement bien positionnés.

Le Sénégal continue à s’endetter auprès de la chine pour la construction d’infrastructures pas du tout prioritaires mais plutôt pour avoir un bilan pour l’élection présidentielle de 2019. La chine se frotte les mains en attendant le retour sur son investissement au Sénégal. Quand nous nous endetterons au point de ne plus pouvoir payer la dette, la chine demandera à être payée en matières premières, en pétrole, et ou même de gérer leurs propres réalisations jusqu’à ce que la dette soit entièrement payée. A ce rythme, nous pouvons oublier les retombées économiques du pétrole.

Les générations futures sont en train d’être sacrifiées pour un bilan politique. Je le dis et je le répète, il est temps que le Sénégal change de cap avec ce fameux PSE qui ne développera pas le Sénégal car n’ayant pas mis l’accent sur le secteur primaire qui devrait être la fondation d’un Sénégal émergent.

Monsieur l’actuel président, il faut impérativement changer de cap immédiatement pour éviter que le Sénégal ne sombre car chaque prêt octroyé par la Chine ne fera que rapprocher le Sénégal de la faillite économique.

Il faut diversifier les partenaires économiques et mieux négocier les prêts au lieu de sauter sur tous les prêts pour se bâtir un bilan. Un mandat supplémentaire vaut-il la peine de vendre aux enchères notre Sénégal ?

Mohamed Dia, Consultant bancaire

Email : mohamedbaboyedia@gmail.com

Originally posted 2018-10-04 19:12:12.