Le visiteur qui débarque pour la première fois à Salguir, une localité de la commune de Gandon, située dans l’arrondissement de Rao, à une vingtaine de kms de Saint-Louis, sera forcément en contact avec ces braves jeunes et femmes, qui triment dur pour survivre et subvenir aux besoins de leurs familles.
Dans les griffes de la débrouille au quotidien, ils font partie des paisibles habitants de ce village, qui s’activent dans le maraîchage, l’embouche bovine et ovine, dans la pêche. De nombreux bras valides de ce terroir ont pu trouver un emploi décent dans les champs des Gds (Grands Domaines du Sénégal). Leur principale doléance est relative à la nécessité d’enlever ces végétaux aquatiques envahissants, notamment le Typha Australis (Barakh en wolof), le Salvinia Molesta et autres herbes sauvages, qui empêchent l’eau de circuler correctement dans leur marigot.
A partir du croisement de la maternité de Mbarigo, le gravillon scintille de son rouge grenade lorsque les rayons solaires se reflètent sur ses cristaux. Il crisse sous les pneus des véhicules de transport en commun et autres vieilles guimbardes poussives et brinquebalantes.
Ce samedi du 25 janvier 2025, le parfum des feuilles d’accacia se dissipe dans cette masse d’air froid qui nous égratigne l’épiderme. Ici, la nature est en harmonie avec un tapis herbacé plus ou moins fourni, qui se déroule à nous couper le souffle.
Entre Tilleu Boye et Salguir, les images insolites se déplacent à tout bout de champ. Les autotrophes (végétaux) et les hétérotrophes (les hommes et les animaux) s’épanouissent. Quelques vaches grasses et dodues broutent la pelouse. Nous devons encore emprunter des pistes sinueuses, escarpées et ellipsoidales pour progresser vers Salguir. Les paysans sont accueillants et nous présentent une mine joviale.
A Salguir, les deux jeunes et le chef de village Baye Diagne, que nous avons interrogés, se sont appesantis sur l’espoir d’une vie meilleure avec le faucardage des plantes aquatiques envahissantes.
D’autres questions posées à deux notables du village, nous ont permis de revivre le naufrage collectif d’une pirogue qui traversait le fleuve en 2016.
En effet, une famille a été décimée dans le village de Salguir Diagne, dans la commune de Gandon. Une localité très enclavée dans la zone des trois marigots. Le drame a eu lieu un jeudi, vers les coups de 19 heures. Quatre dames et trois de leurs enfants âgés entre deux et trois ans ont perdu la vie dans le chavirement de leur embarcation sur un affluent du fleuve.
Trois autres personnes ont pu échapper au naufrage. Au total donc, une dizaine de personnes sont mortes, noyées dans cet affluent du fleuve.
Ce soir-là, ces femmes retournaient des champs avec leurs enfants, à califourchon sur le dos, après une journée de labeur. Les sapeurs-pompiers n’ont pu repêcher que huit corps sans vie. Un garçon de treize ans n’a pas été retrouvé. N’ayant pas à leur disposition d’infrastructures routières adéquates, les populations de ce village s’exposent souvent au danger, lorsqu’elles sont à bord des pirogues de fortune.
Mbagnick Kharachi Diagne