A l’ère des réseaux sociaux et de l’exhibition reine, Rouguiyatou Ly préfère laisser ses actions sur le terrain parler pour elle. Ingénieure travaux à Sade Sénégal et diplômée en génie civil de l’École supérieure polytechnique de Dakar, ses réalisations redéfinissent le concret. « Le fait de rendre service à la communauté, donner l’accès à l’eau à des villages dont j’ignorais l’existence est l’aspect le plus plaisant de mon travail ».
Pourquoi avoir fait le choix d’une carrière dans le génie civil et en quoi consiste votre travail ?
J’étais émerveillée par les structures des grandes villes au tout début de ma formation et cela m’a donné l’envie de vouloir réaliser la même chose, ou plus encore. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix.
Je suis chargée de la supervision de travaux sur le terrain, notamment la construction de châteaux d’eau, d’édicules publics, de locaux de chloration et de pose de canalisations pour l’adduction d’eau potable de plusieurs villages. C’est le projet de forage multi-villages.
Pouvez-vous nous raconter votre quotidien de travail, ainsi que la valeur ajoutée de votre profession ?
Il s’agit de faire des visites de chantier sur différents sites de châteaux d’eau. S’assurer que mes équipes respectent les consignes de travail, que le stock des matériaux nécessaires est disponible, mais surtout et avant tout, s’assurer du respect des normes de sécurité établies. Nous construisons des ouvrages permettant l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Par exemple, la construction d’édicules publics pour éviter la défécation à l’air libre. La valeur ajoutée est que les villages reculés ont accès à l’eau et à l’assainissement.
LA PREMIÈRE DIFFICULTÉ, JE DIRAI, C’EST L’ACCEPTATION PAR LES HOMMES
Dans le cadre de votre profession, à quelles difficultés faites-vous encore face aujourd’hui ?
La première difficulté je dirais, c’est mon acceptation par les hommes. Que ce soit le collègue ou le subalterne. Certains ont un ego démesuré et n’acceptent pas de se faire diriger par une femme. Je suis encore très jeune – 27 ans – il me reste encore du temps et du chemin avant de devenir quelqu’un (rires).
Je crois en Dieu et ma prière est qu’il m’aide dans ma mission, de ne pas me laisser déstabiliser par les événements. C’est sûr que rien n’est facile dans la vie, il faut croire en soi et se donner les moyens de réussir.
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