Difficile d’avoir un chiffre exact, mais les violences dans cette région de l’Ouest ont fait des centaines de morts et plongé dans le chaos les populations.
Tout juste sait-on que tout aurait commencé à la fin décembre. Aujourd’hui, difficile de connaître le bilan exact, mais l’ONU est formel et avance le nombre de 900 personnes massacrées dans quatre villages dans le cadre de violences communautaires ayant éclaté dans l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC). C’est ce qu’a relevé le Haut-Commissariat des Nations unies chargé des droits fondamentaux le jeudi 17 janvier 2019. Le massacre a eu lieu dans les environs de Yumbi, en province de Mai-Ndombe, à quelque 300 km de la capitale, Kinshasa, et ne serait pas lié aux tensions liées aux élections du 30 décembre dernier, mais à des rivalités entre les communautés banunu et batendé. « C’est l’enterrement d’un chef coutumier banunu qui avait déclenché ces tueries en série », d’après Emmanuel Nzetolo prêtre et habitant d’Inongo, village voisin à Yumbi que nous avons joint au téléphone. « Notre chef coutumier (banunu) est décédé ici à Kinshasa. Nous avons rapatrié le corps pour qu’on l’enterre là où il est chef coutumier », avait alors expliqué à l’AFP Francis Mbengama, un dignitaire de Yumbi. Mais depuis les questions restent en suspend : qui ? comment ? Avec quels moyens en armes, et en hommes ces massacres ont-ils pu être commis.
La guerre de chiffres
Si les Nations unies évoquent le bilan de près de 900 victimes, le gouvernement congolais pour sa part ne confirme pas ces chiffres, mais reconnaît au moins une centaine de victimes : « nous avions une centaine de morts selon les dernières estimations qui nous ont été présentées », a déclaré Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement. Par ailleurs, l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), une organisation de la société civile congolaise active dans la défense des droits de l’homme, avance pour sa part le chiffre de 500 morts d’après ses premiers éléments de terrain à en croire son coordonnateur Georges Kapiamba qui n’hésite à remettre en cause les forces de sécurité congolaises.
Dégâts matériels et chaos chez les populations
Outre les victimes, les affrontements ont provoqué de graves dommages matériels. Ainsi 465 maisons particulières et édifices publics ont été incendiés ou saccagés. Parmi ceux-ci se trouvent deux écoles, un centre sanitaire, un dispensaire, un marché et un bureau de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Plus de 16 000 personnes se sont réfugiées en République du Congo (Congo Brazzaville). La plupart des habitants des quatre villages du territoire de Yumbi sont actuellement en fuite à travers la forêt principalement, à cause de la forte présence des hommes en uniforme informe Emmanuel Nzetolo depuis Inongo le village voisin de Yumbi.
S’il est encore discuté, ce bilan vient conforter la décision des autorités de Kinshasa, qui avaient décidé de reporter le scrutin prévu dans la zone à la fin mars plus tôt que le 30 décembre.