« Quand les marabouts «battent en retraite» !

Sénégal

Les religieux, considérés comme grands électeurs, ont toujours joué un rôle important dans les différentes élections au Sénégal. Mieux, ces dernières années ont été marquées par leur implication et participation directe à des joutes électorales en tant que partie au scrutin ou en soutenant un camp. Mais, contrairement à la présidentielle de 2012, les marabouts ne sont pas très visibles, ou du moins, ils ne sont pas engagés publiquement, en faveur d’un candidat, dans la campagne du scrutin du 24 février 2019, même si certains ont eu à prendre position il y a quelques mois.

«J’ai deux millions de disciples qui peuvent te réélire dès le premier tour». Ces propos étaient du guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune, qui, lors d’un meeting en période de campagne des élections présidentielles de 2012, se montrait confiant quant à la réélection du président sortant d’alors, Me Abdoulaye Wade. S’adressant à Abdoulaye Wade, pour qui il avait promis son soutien inconditionnel pour un troisième mandat à la tête du Sénégal, Cheikh Béthio avait ainsi donné le fameux «ndiguel» ou consigne de vote, à ses disciples, comme il l’avait fait en 2007.

Appartenant à la génération dynamique des «marabouts des jeunes», c’est-à-dire qui jouissent d’une grande popularité auprès de la jeunesse depuis le début des années 2000, Cheikh Béthio Thioune n’était pas le seul guide religieux à s’afficher publiquement avec un candidat à la présidentielle. Serigne Modou Kara Mbacké, contrairement à Cheikh Béthio, avait sa formation politique dénommée Parti pour la vérité et le développement (Pvd). Un autre marabout, de la famille des Niassènes cette fois, feu Serigne Mamour Niass, décédé depuis plusieurs années, s’était aussi engagé auprès de Me Abdoulaye Wade.

Cette irruption des marabouts sur la scène politique a toujours été une réalité pressante dans l’histoire politique du Sénégal. Conscient de leur statut de grands électeurs, ils ont toujours marqué, d’une manière ou d’une autre, les élections au Sénégal, en s’y impliquant directement, s’ils ne sont pas tout simplement approchés par les politiques en quête de consignes de vote. Et ce «ndiguel» a fait beaucoup de surprise, avant les années 2000.

Mais, contrairement aux années passées,  cette présence des marabouts sur la scène politique ne se fait pas très sentir en perspective de la présidentielle du 24 février prochain. Cheikh Bethio Thioune, en liberté provisoire après le double meurtre de ses disciples à Médinatoul Salam est complètement absent du landerneau politique. Quid de Serigne Modou Kara  et le PVD et de Baye Mamoune Niass (héritier et nouveau responsable du Parti pour le Rassemblement de feu Serigne Mamour Niass) ? Ces deux derniers ne sont pas encore très chauds, même s’ils roulent pour le candidat président sortant, Macky Sall, leader de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar.

sudonline