Le village gandiolais de « Pilote-Barre » fait partie des localités du département de Saint-Louis, les plus affectées par l’érosion côtière. Ce terroir de la commune de Ndiébéne-Gandiole, abrite plus de 3000 âmes.
Du fait de l’impossibilité de mettre en valeur ne nombreuses parcelles maraîchères (due à la salinisation des terres cultivables) de développer l’élevage et la pêche fluviale dans cette zone, ses bras valides ont presque vidé les lieux pour aller chercher un emploi décent sous d’autres cieux plus cléments.
Avec nos mains en visière sur nos yeux illuminés par les lustres éblouissants de la nature joviale de Pilote-Barre, nous avons pu admirer l’année dernière la beauté de ce village niché au cœur du Gandiolais.
Ce reportage était éprouvant. Il nous a fallu emprunter des sentiers escarpés, des pistes sinueuses, ellipsoïdales, qui devaient nous mener, selon certaines indications, vers Gopp (le Nord) ou Tank (le Sud) de Pilote-Barre. Ce terroir, par endroits, ressemble à une petite hêtraie. Sa strate est arborée et arbustive. Autour du village, certaines plantes bulbeuses, ressemblant à des colchiques, attirent toujours les touristes.
Ici, les villageois, ostensiblement, sont de très bonne humeur et leurs yeux racontent le bonheur, malgré les problèmes environnementaux auxquels ils sont quotidiennement confrontés pour survivre. Ces derniers mènent une vie rustique.
Il est hors de question dans ce milieu d’être dérangé par l’impudeur des femmes aguichantes qui sèment la pluie et le beau temps dans les grands centres urbains. A Pilote-Barre, nos braves concitoyennes sont plutôt préoccupées à aller chercher de l’eau potable.
Ici, on ne sent pas la précarité de la vie. Tantôt, nous sommes impressionnés par de superbes villas et autres constructions futuristes appartenant à des sénégalais nantis, à des européens tombés sous le charme de cette belle localité. Ces maisons très vastes nous remplissent agréablement la vue. Elles sont délimitées par des troncs d’eucalyptus très géants, hauts comme des piliers de cathédrale. Ces grandes concessions sont aménagées de telle sorte, qu’une fois à l’intérieur, le visiteur se croirait dans un paradis terrestre.
Une dizaine de jeunes et de femmes que nous avions pu interroger l’année dernière dans cette partie du Gandiolais, sont restés profondément marqués par la disparition en haute mer de nombreux enfants et autres candidats malheureux à l’émigration clandestine.
Ces derniers ne pouvaient plus supporter le chômage, l’oisiveté, le désœuvrement, à cause de la salinisation des terres et du fleuve, et n’avaient plus la possibilité de pêcher ou de cultiver.
Les notables de ce village nous avaient fait comprendre « que les populations de Pilote-Barre arrivent à survivre grâce à l’argent que certains d’entre eux, qui sont parvenus à s’installer en Espagne, envoient régulièrement à leurs parents ».