Les défis qui attendent le nouveau ministre en charge de l’aviation civile du Sénégal

Sénégal

Alioune Sarr est le nouveau patron de tutelle de l’aviation civile sénégalaise. Il a été nommé le 6 avril ministre du Tourisme et du Transport aérien en remplacement de Maïmouna Ndoye Seck. Il fait partie du nouveau gouvernement resserré de 32 ministres qui accompagnera le président de la République, Macky Sall, récemment réélu pour un second mandat de cinq ans.

Désormais aux commandes du stratégique secteur du transport aérien et du tourisme, Alioune Sarr devra piloter l’audacieuse politique du Sénégal dans le domaine.

Il est tout du moins un administrateur rompu à la tâche. Avant sa nomination, il était ministre du Commerce, de l’Industrie et du Secteur Informel depuis le 14 février 2013. Avant son entrée au gouvernement, il a été directeur général de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations. Ce fils de la région de Thiès est décrit par ses pairs comme «un homme d’expérience et d’action », qualités dont il aura besoin pour relever les défis du Sénégal en matière d’aviation civile.

Six millions de passagers à l’horizon 2020 

D’après le référentiel de la politique économique et sociale « Plan Sénégal Émergent (PSE) » horizon 2035, le pays entend faire de Dakar une plateforme aérienne de référence pour servir les ambitions de devenir un hub de services (médical, tourisme, sièges régionaux d’entreprises et institutions internationales, éducation-formation).

Pour le gouvernement, il s’agit de porter la capacité du pays à 6 millions de passagers à l’horizon 2020 et 10 millions en 2035, avec la mise en service de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) et la réhabilitation des aéroports régionaux.

Cet objectif constitue un point essentiel de la feuille de route auquel Alioune Sarr devra s’atteler.
Depuis sa mise en service le 7 décembre 2017, AIBD a enregistré une croissance continue de son trafic. En 2018, la plateforme a traité près de 2,3 millions de passagers et plus de 30 000 tonnes de fret. Elle a une capacité de 3 millions de passagers avec un standard qualité IATA niveau B et est extensible à 10 millions de passagers. « Le nouvel aéroport est un excellent outil économique du Sénégal qui devra aider le pays à se développer autant dans la partie Business que dans la partie touristique et qui donne une excellente image du pays», souligne Xavier Mary, directeur général de Limak- Aibd- Summa (LAS), le gestionnaire aéroportuaire de AIBD.

Réhabilitation des aéroports régionaux

D’après le PSE, le Sénégal ambitionne également de devenir une destination touristique de référence avec l’objectif d’accueillir 3 millions de touristes par an à travers le développement de deux à six nouveaux pôles intégrés et la requalification des sites existants, ciblés autour des filières balnéaires, d’éco-tourisme, de culture, des sites religieux et d’affaires.

Pour ce faire, Alioune Sarr devra poursuivre le pilotage du Programme de Réhabilitation des Aéroports du Sénégal (PRAS) lancé l’année dernière.

Le PRAS prévoit, dans sa phase 1 qui s’étend jusqu’en 2020, la modernisation des cinq aéroports de Saint-Louis, Ourossogui-Matam, Ziguinchor, Tambacounda et Kédougou. Les travaux de réhabilitation s’étalent sur une durée de 47 mois et sont financés à 85% par la Czech Export Bank et à hauteur de 15% par le Budget Consolidé d’investissement (BCI) du Sénégal. La deuxième phase concerne les aéroports de Ziguinchor, Tambacounda et Kédougou.

Une compagnie aérienne qui s’arrime aux ambitions du PSE

Le porte drapeau sénégalais est au coeur du plan Sénégal Emergent. « Air Sénégal répond à une démarche rigoureuse et cohérente reposant sur une planification stratégique rationnelle de l’État… La compagnie va permettre, avec la mise en exploitation de l’AIBD, de matérialiser le Projet Hub Aérien du Sénégal tel que défini dans le Plan Sénégal Emergent », indique le gouvernement. Alioune Sarr a donc la pleine mesure de la mission de supervision qui pèse désormais sur ses épaules.

Air Sénégal qui a démarré ses opérations commerciales le 14 mai 2018 dispose d’un capital initial de 40 milliards de FCFA (68,4 millions de dollars) mobilisés par l’Etat du Sénégal à travers la Caisse de dépôts et consignations. L’objectif du gouvernement est de renforcer le capital de la compagnie à hauteur de 100 milliards de FCFA (172 millions de dollars) d’ici 2022. Sur la même période, la compagnie veut devenir un outil d’attraction touristique et a l’ambition d’ouvrie des lignes vers New York, Londres, Toulouse, Dubaï, Beirut et Sao Paulo. A ce jour, elle dessert Abidjan, Banjul, Bamako, Conakry Praia, Paris et Sal en plus de Ziguinchor sur le réseau domestique.

La compagnie exploite une flotte de cinq avions dont deux ATR72-600, deux Airbus A319 et le premier de ses deux Airbus A330neo. Le second appareil (6V-ANB) est attendu entre l’hiver 2019 et le premier semestre 2020. Pour son directeur général Philippe Bohn, l’objectif est d’atteindre 124 millions de dollars de chiffres d’affaires en 2019 et de tripler d’ici 2022.

Faire du Sénégal un hub incontournable du tourisme et de l’aviation civile en Afrique, voilà résumé l’objectif auquel devra contribuer le ministre Alioune Sarr. Le Diplômé en Administration et Gestion des Entreprises, pourra compter sur le budget conséquent de son ministère qui a connu une dotation de 9,6 milliards de FCFA (16,5 millions de dollars) en 2019, en hausse de 101,7% par rapport à 2018.

Romuald Ngueyap