« Le village de Doune Baba Dieye s’est reconstitué naturellement » Entretien avec le Pr Boubou Aldiouma Sy de l’Ugb

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La brèche ouverte en 2003 au niveau de l’embouchure du fleuve Sénégal, était large de 4 mètres au départ. Elle a pu atteindre 7 kms avant de se stabiliser, en l’espace de 5 ans, à 1 km. Le village de Doune Baba Dièye, qui avait disparu, est en train de se reconstituer naturellement. C’est ce qu’a déclaré, en substance, le Pr Boubou Aldiouma Sy, à l’occasion de la visite de presse organisée jeudi par African Journalits Forum (AJF).

Pour le Professeur Boubou Aldiouma SY, géographe à l’UFR des lettres et des sciences humaines de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, ces changements climatiques sont des variations à l’échelle géologique naturelle, qui ne sont pas forcément liées à l’homme, mais aux comportements et à des paramètres astronomiques.

Cependant, a-t-il précisé, le comportement de l’homme a accentué ce phénomène, « ce qui se traduit par des phénomènes de fonte des glaciers au niveau des pôles et du phénomène de relèvement général du niveau des mers qui accentue la force des paramètres hydrodynamiques, les houles, les marées, les courants de dérive entre autres ».

Selon le Pr Sy, qui a insisté sur le relèvement du niveau de la mer, l’énergie des paramètres hydrodynamiques a tendance à accélérer la dynamique érosive des traits de côte et ceci a des impacts sur les populations humaines et sur leurs économies.

Les activités de pêche et de maraîchage, a-t-il souligné, sont menacées parce que l’eau salée se diffuse mieux dans un sol poreux comme le sable et a tendance à entraîner une sur salinisation des sols, « ce qui menace les activités maraîchères ».

À l’ouverture de la brèche en 2003, a-t-il rappelé, les conséquences ont été désastreuses, rapides et violentes, au point que des villages comme Doune Baba Diéye ont été effacés de la carte.

De l’avis du Pr Sy, bien que la brèche ait connu une évolution rapide, actuellement elle semble se stabiliser au niveau de Tassinére où on note des bancs sableux importants, qui ont tendance à protéger le village. Il fallait laisser le phénomène se poursuivre naturellement jusqu’à ce que cette brèche atteigne sa limite d’extension maximale au Sud et le phénomène allait naturellement se stabiliser. C’est ce qui est en train d’être observé.

Plus explicite, il a fait savoir que des bancs de sable sont en train de se former autour de Tassinére et se sont stabilisés à cause de la diminution de l’énergie des courants de houle, qui autorise l’accumulation des sédiments.

Avec la stabilisation de la brèche, le village de Doune Baba Diéye s’est reconstitué naturellement, « les populations ne sont pas revenues pour y habiter, mais elles fréquentent les lieux pour y pratiquer le maraîchage, parce que la langue de Barbarie constitue un écran sableux entre la mer, les îlots et le cordon de Gandiol et de Tassinére ».

Le village de Tassinére, qui fut jadis un exemple de beauté et de cohérence environnementales, avec une densité de la biodiversité, est en train de changer complètement de visage et de plonger les populations dans la crainte d’un avenir sombre, pour une zone qui était connue pour être une référence en matière de cultures horticoles et de pêche.

Mbagnick Kharachi Diagne (Journaliste Consultant)

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