« Le football ne doit plus se laisser prendre par l’idéologie mortifère de l’égoïsme libéral »

Dans une tribune au « Monde », Richard Bouigue et Pierre Rondeau, bons connaisseurs du ballon rond, appellent à réguler un marché où règnent inégalité et précarité.

Le mercato footballistique se termine jeudi 31 août. D’après le Centre international d’économie du sport (CIES), les indemnités de transferts versées par les clubs des cinq grands championnats européens ont déjà atteint la modique somme de 3,761 milliards d’euros. Un montant largement supérieur aux années précédentes, sur la même période.

Le CIES estime que le record de 2016 (4,5 milliards d’euros dans le « big-five ») sera largement battu. De plus, cette dynamique devrait rester constante encore pendant très longtemps, d’après les auteurs de l’étude. En face, d’autres éléments viennent indiquer une profonde disparité sur ce grand marché sportif, où règnent les inégalités et la précarité.

En France, l’Union nationale des footballeurs professionnels (l’UNFP), le syndicat des joueurs professionnels, précise que 25 % des footballeurs de Ligue 1 toucheraient à eux seuls 75 % du total des revenus bruts distribués.

Dépression et mal-être

Alors que le salaire moyen est de 46 000 euros par mois, la durée de vie moyenne dans la Ligue 1 française ne serait que de quatre ans. Le taux de chômage, dans ce milieu, dépasserait les 15 % et, à chaque période estivale, 25 % des footballeurs commenceraient la saison sans contrat. Enfin, la Fédération internationale des associations de football (FIFPro) estime que 38 % des joueurs connaîtront, durant leur carrière, une période de dépression et de mal-être, soit un niveau trois fois supérieur à la moyenne occidentale.

Un jeune sur six issu des centres de formation du pays signe un contrat professionnel

La formation est elle-même extrêmement aléatoire. Alors qu’un jeune sur six issu des centres de formation du pays signe un contrat professionnel, la très grosse majorité sort du cursus sans formation scolaire qualifiante. La phrase largement répétée par les jeunes aspirants footballeurs est « que faire si ça ne marche pas ? »

Originally posted 2017-08-29 14:27:04.