Étudier – Hanane el-Kouari : «  Les organes d’accréditation sont plus à l’écoute de l’Afrique et de ses spécificités  »

Afrique

ENTRETIEN. Pour la directrice générale de l’association africaine des business schools, l’Afrique recèle de sérieux atouts dans nombre de ses cursus. Et elle est prête à les mettre en œuvre pour être au diapason de ce qui se fait de mieux à travers le monde.

À n’en point douter, avec l’association africaine des business schools, Hanane El Kouari tient un outil à travers lequel elle est déterminée à influencer de manière avantageuse le tempo des formations de l’enseignement supérieur privé sur le continent. Diplômée en interprétariat (français, anglais, arabe, espagnol), cette titulaire d’un master en communication et management interculturel de l’Université catholique de Paris a déjà pu appréhender, à travers son parcours, les points forts et les points faibles du système éducatif africain. En effet, à partir de 2012, elle a été responsable du réseau Afrique et Moyen-Orient de l’IESEG, école de management née à Lille avec un site important à La Défense à Paris, après être passée par HSBC Global Asset Management. Aujourd’hui directrice générale de l’AABS, elle a accepté de répondre au Point Afrique* sur les opportunités et l’intérêt qu’il y a à étudier en Afrique.

Le Point Afrique : Quels conseils donneriez-vous à un étudiant désireux de poursuivre son cursus dans une business school africaine  ?

Hanane el-Kouari : Foncez  ! Nos écoles ont cette capacité à faire éclore des projets, des initiatives avec une fluidité déconcertante pour beaucoup de grandes business schools mondiales. Faire ses études en Afrique n’est plus (je l’espère) un choix par défaut, mais un choix mûri et réfléchi pour beaucoup.

En quoi les business schools, de plus en plus nombreuses en Afrique, font-elles la différence avec les autres écoles  ?

La particularité des business schools africaines réside dans leur capacité à tisser des liens solides avec le monde de l’entreprise. Elles sont valorisées sur le marché de l’emploi car professionnalisantes. Il y a aussi une flexibilité dans le cursus à la carte qui séduit beaucoup les étudiants, qui ne sont pas nécessairement attirés par une seule filière. Il n’est pas du tout rare d’être spécialisé en finance tout en ayant des cours en entrepreneuriat ou en ressources humaines.

Où en sont-elles par rapport aux différentes certifications  ?

Les écoles africaines s’inscrivent depuis de nombreuses années dans des démarches d’accréditation locales, régionales ou internationales. Il est intéressant de noter que les organes d’accréditation sont plus à l’écoute de l’Afrique et de ses spécificités. Notre association, l’AABS (Association of African Business Schools), est engagée dans la création d’une accréditation 100  % africaine dont le but sera d’avoir une lecture homogène des critères de qualité des business schools du continent.

Quelles sont les filières qui permettent de relever au mieux les défis économiques auxquels l’Afrique fait face  ?

Ce qui est demandé, au-delà des filières, c’est un état d’esprit et des valeurs, une ouverture sur le monde avec une âme bien ancrée en Afrique. Je pense aussi qu’il existe un intérêt particulier à octroyer de la pluridisciplinarité et des doubles diplômes, notamment avec des partenaires internationaux.

Avec la concrétisation de la zone de libre-échange continentale, l’Afrique renforce sa dynamique vers l’intégration économique. Une démarche similaire est-elle envisagée entre business schools africaines pour plus de mobilité étudiante et d’échanges  ?

Il est, à mes yeux, vital que nous puissions construire ensemble dans une démarche inclusive un programme de mobilité étudiante. Je rêve d’une Afrique où un Tunisien ferait son échange à Accra, où un Rwandais serait au Caire et un Sénégalais au Cap  !

Quel regard posez-vous sur le fameux Erasmus africain, actuellement en chantier, et sur la coopération impulsée au plus haut niveau par l’Union européenne et l’Union africaine autour du programme Erasmus +  ?

Je porte un regard bienveillant sur toute initiative visant à promouvoir l’Afrique et ses talents. Il est essentiel de rassembler tous les acteurs autour d’un projet aussi colossal et de donner du sens et du cœur à ce type de démarche afin que ça parle à chaque citoyen.

Quel avenir pour l’enseignement et la formation en Afrique  ?

Comme toute Africaine, je suis d’un positivisme inné, résolu et éclairé  ! Nous faisons face à certains chantiers qui doivent être pris à bras-le-corps, comme celui de la recherche ou celui de la mobilité des professeurs. Nous devons investir dans notre corps professoral : sans professeurs inspirés et inspirants, il est difficile d’insuffler le changement ou de stimuler un cerveau. Il y a également l’éducation des petites filles et le tournant numérique, que les business schools africaines ne doivent pas rater…

* Cet entretien a été également publié dans le hors-série Le Point Afrique paru sous la forme d’un guide pratique pays par pays sur le thème « S’installer en Afrique ». Il a été conçu autour de quatre axes d’approche : travailler, entreprendre, investir et étudier. A acquérir dans la boutique en ligne du Point contre 9,90 euros.

MALICK DIAWARA

Originally posted 2018-09-25 03:26:38.