En Afrique, Société générale recrute des conseillers chinois

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La banque française démarche les grands groupes chinois qui investissent le continent africain.

Dans les bureaux de la Société générale, à Dakar, Sophie Zhang occupe un poste un peu particulier. Cette jeune Chinoise, parfaitement francophone, est chargée de nouer des contacts et de faire des affaires avec les entreprises de l’empire du Milieu, en pleine expansion en Afrique. En deux décennies, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent. Plus de 10 000 entreprises chinoises s’y seraient implantées, selon un rapport publié, en 2017, par le cabinet McKinsey.

La marge de manœuvre de Mme Zhang est étroite, car les grands groupes de travaux publics chinois qui viennent construire des autoroutes, des ponts ou des stations hydrauliques à travers le continent africain sont le plus souvent des structures étatiques financées par Pékin, par les banques chinoises ou par des bailleurs de fonds internationaux. Mais l’objectif de l’établissement français, présent dans dix-neuf pays africains, est de récupérer un morceau de la relation bancaire de ces géants asiatiques (les paiements locaux, le change, les transferts d’argent, la garantie bancaire pour le commanditaire des projets…), en mettant à contribution, en amont, les équipes de la Société générale en Chine.

« Nous sommes la seule banque à avoir généralisé ce service de “China desk”, explique Sophie Zhang. C’est un vrai atout vis-à-vis des groupes chinois. Ils nous approchent naturellement, car ils sont plus à l’aise avec un conseiller chinois : nous parlons la même langue, et nous partageons des habitudes culturelles. Cela crée de la confiance. »Les chefs d’entreprise de l’empire du Milieu, qui conduisent en Afrique des projets pour des durées d’un à trois ans, ne parlent le plus souvent ni français ni anglais.

Forte hausse anticipée du « business Chine-Afrique »

La banque française a lancé ce service en chinois, en 2014, au Cameroun et le propose aujourd’hui dans onze pays (Maroc, Algérie, Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana, Bénin, Togo, Cameroun, Madagascar, Mozambique). Elle devrait ouvrir, en 2019, un bureau au Burkina Faso, « à la faveur du rétablissement de ses relations diplomatiques avec la Chine, en mai », précise Shujue Cai, la responsable commerciale Chine-Afrique de la Société générale, à Paris. « Le dispositif évolue selon les besoins. »

Le groupe bancaire français anticipe une forte hausse de ce « business Chine-Afrique ». S’il ne pèse aujourd’hui que 1 % du chiffre d’affaires du réseau africain (soit environ 15 millions d’euros en 2017), il a progressé de plus de 20 % au premier semestre. « Le gouvernement chinois encourage aujourd’hui les entreprises à investir en Afrique avec leurs propres fonds, affirme Sophie Zhang. Ces investisseurs complètement privés vont constituer à l’avenir une clientèle plus variée, porteuse de projets plus complexes et plus intéressants pour la banque. »

lemonde.fr

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