En Afrique, les éléphants deviennent noctambules pour échapper aux braconniers

Environnement

En étudiants les animaux, les chercheurs ont remarqué que les éléphants, qui se reposaient la nuit, préféraient s’activer dans la pénombre et se cacher le jour, dans les zones les plus touchées par le braconnage.

Les éléphants d’Afrique changent leurs habitudes pour échapper à leurs prédateurs humains : les braconniers. Animaux diurnes, ils ont appris, dans les zones les plus exposées à cette menace, à se déplacer et à se nourrir la nuit pour mieux se cacher le jour, révèle une étude dévoilée mercredi 13 septembre.

L’organisation de protection des animaux Save The Elephants et l’Université de Twente (Pays-Bas) s’est appuyée sur des données recueillies sur 28 femelles et 32 mâles, tous équipés de colliers GPS entre 2002 et 2012 dans le Nord du Kenya.

Un comportement plus marqué chez les femelles avec leurs petits

Pour étudier la modification du comportement des éléphants face au danger représenté par les braconniers qui convoitent leurs défenses en ivoire, les scientifiques de Save The Elephants ont établi un ratio permettant de mesurer l’activité de l’animal la nuit par rapport à celle de jour. « Notre hypothèse est que le braconnage représente clairement un risque diurne », expliquent-ils dans leur étude publiée dans Ecological Indicators.

Enfin, ils se sont focalisés sur deux périodes. Pendant la première, de 2002 à 2009, le niveau de braconnage était modéré. Dans la seconde, de 2010 à 2012, il était particulièrement élevé dans le nord du Kenya. Les chercheurs ont alors constaté que « les éléphants bougeaient plus la nuit que le jour lorsque le niveau de braconnage était élevé », comme en 2010-2012, souligne l’étude. Les chercheurs suggèrent ainsi d’utiliser leur ratio « comme un indicateur du niveau de braconnage quasiment en temps réel ».

Et cette attitude était encore plus marquée chez les femelles que chez les mâles. Entourées d’éléphanteaux, elles sont souvent plus prudentes, soulignent les chercheurs.

Un adaptation dont on ignore les conséquences

« Cette étude montre la capacité de l’éléphant, le plus grand mammifère terrestre, à adapter son comportement pour sa sécurité », souligne le fondateur de Save The Elephants Ian Douglas-Hamilton, co-auteur de l’étude. Mais selon lui, ces changements sont susceptibles « d’avoir des conséquences sur sa stratégie pour se nourrir, se reproduire et survivre qu’on ne connaît pas pour le moment », ajoute-t-il.

« Pour les éléphanteaux, le risque d’être attrapés par des lions ou des hyènes la nuit pourrait être plus grand », indique Festus Ihwagi, membre de Save The Elephants et doctorant à l’Université de Twente. « Et pour les éléphants adultes, cela implique une altération de leur vie sociale » et cela peut avoir un impact sur leur activité sexuelle, ajoute-t-il.

Environ 30 000 éléphants sont tués chaque année en Afrique pour alimenter le trafic mondial d’ivoire, à destination principalement de la Chine et de l’Asie du Sud-Est.

Originally posted 2017-09-14 23:33:32.