Dr Pape Fara Diallo : ” Le dialogue est une phase rêvée pour faire sortir le Sénégal de cette démocratie infantile”

Sénégal

Ferloo.com- “Le dialogue est une forme de discussion en vue de trouver un consensus autour des réformes institutionnelles ou électorales, une volonté de construire pour un consensus fort. Au Sénégal, depuis 1992, il y  a une tradition démocratique. Même si parfois à la veille des élections on a l’impression que le pays va tout droit un chao”, déclare le Dr Pape Fara Diallo, Enseignant-chercheur à l’UFR de l’Université Gaston Berger de Saint Louis. Il estime à cet effet que “le dialogue est pour le président Macky Sall, une phase rêvée pour faire le Sénégal de cette démocratie infantile”.

“Le Sénégal est cité comme un pays démocratique notamment à partir de 1992 après l’adoption d’un code de consensus électoral. Même si l’on regrette des tensions à la veille de chaque élection présidentielle. Comme c’était le cas à la veille de la présidentielle de 2012 où l’on a enregistré pour le regretter presque 12 morts. Mais avec leur génie, les Sénégalais ont voté dans le calme et le lendemain, lundi, tout le monde est parti au travail. La présidentielle de 2019 n’a pas fait exception à cette tradition démocratique. Avant le 24 février on croyait qu’on allait vers le chao, puisque la présidentielle s’est tenu dans un contexte d’absence de consensus. Mais à l’arrivée les Sénégalais ont voté et se sont rendus à leur lieu de travail le lendemain”, rappelle-t-il pour s’en réjouir.

Partant de ce constat un peu plus amer, le Dr Pape Fara Ndiaye estime que “le président Macky Sall doit prendre la pleine mesure d’appeler au dialogue et de le mener jusqu’au bout. En ce sens que l’appel au dialogue est un moyen de se légitimer ou un moyen de délégitimer une certaine opposition. D’autant plus que l’appel au dialogue du 28 mai 2016, il n’y avait pas de termes de référence. Ce qui donne, aujourd’hui, raison à une certaine frange de l’opposition qui ne voit pas l’intérêt de répondre à ce dialogue lancé par Macky Sall récemment après sa réélection”, soutient-il.

Et d’enchainer : “le président Macky Sall doit savoir que l’opposition joue un rôle important dans une démocratie. Une démocratie sans opposition n’est pas une démocratie digne de ce nom. La démocratie a deux piliers fondamentaux : une démocratie politique et une démocratie sociale”.

Sur ce point, il suggère que le dialogue doit porter sur  le design institutionnel  et sur les règles du jeu électoral. “Ce serait superflu de discuter la politique économique de Macky Sall, ou sur la politique de l’emploi, de la santé. Le consensus doit mis sur les règles du jeu”, avertit-il.

Dans la foulée, il estime que “le référendum de 2016 était l’occasion rêvée pour le chef de l’Etat de réunir le pays autour d’un consensus fort sur les réformes institutionnelles et électorales. Lui qui a signé la charte de la bonne gouvernance”. “Malheureusement, regrette-t-il, ces deux alliés de taille, en l’occurrence Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng ne rappellent pas au chef de l’Etat ses engagements dans le cadre de la séparation des pouvoirs au Sénégal”.

“Le président Macky Sall a une bonne occasion de réussir à cet énième appel au dialogue qui serait, d’ailleurs, une phase rêvée pour faire sortir le Sénégal de cette démocratie infantile. Et c’est le moment rêvé pour Macky Sall de sortir par la grande porte de notre histoire démocratique, une fois qu’il aura réussi à stabiliser les institutions sénégalaises de manière définitive et de fixer les règles du jeu électoral de façon incontestable”.

S’agissant du statut de l’opposition, il laisse entendre qu’il y a deux possibilités de créer un statut de l’opposition : Soit considérer comme chef de l’opposition celui qui est arrivé en deuxième position lors de la dernière élection présidentielle. Dans ce cas, c’est Idrissa Seck. Soit de dire le parti ou la coalition de partis ayant plus de députés à l’Assemblée nationale représente le chef de l’opposition: c’est le Pds.

” A mon avis, précise-t-il, la première option semble être plus intéressante d’autant plus l’élection présidentielle est la plus récente”.