De graves violations de la liberté religieuse dans neuf pays d’Afrique

Afrique

L’organisation catholique AED relève notamment des « persécutions » en Libye, au Niger, au Nigeria, au Soudan, en Erythrée et en Somalie.

Des violations importantes de la liberté religieuse ont été constatées dans 38 pays entre 2016 et 2018, affirme l’organisation catholique Aide à l’Eglise en détresse (AED) dans un rapport publié jeudi 22 novembre. Sur ces 38 pays, neuf sont en Afrique : des « persécutions » ont été relevées en Libye, au Niger, au Nigeria, au Soudan, en Erythrée et en Somalie, et des « discriminations » en Mauritanie, en Algérie et en Egypte.

Fondée en 1947, du temps du bloc soviétique athée, l’AED est une fondation internationale de droit pontifical qui examine tous les deux ans la situation de 196 pays grâce aux renseignements fournis par une vingtaine de journalistes indépendants. Elle a comptabilisé, pour la période de juin 2016 à juin 2018, des persécutions religieuses dans 21 pays et des discriminations dans 17 autres pays. Soit au total « un pays sur cinq », a souligné Marc Fromager, directeur de l’organisation, lors d’une conférence de presse à Paris.

Parmi ces 38 pays, « la situation s’est aggravée » pour 18 d’entre eux, « en particulier dans deux des pays les plus peuplés au monde, la Chine et l’Inde », a relevé la fondation, qui constate « une banalisation des atteintes à la liberté religieuse, dont le champ d’exercice s’est encore réduit », ce « dans une indifférence quasi générale » de la communauté internationale.

Peine de mort en cas de blasphème

L’AED distingue les causes « gouvernementales » et « non gouvernementales » de ces violations de la liberté religieuse, notamment en Afrique.

Dans la première catégorie, l’organisation relève notamment l’amende et la peine de cinq ans de prison auxquelles s’exposent, en Algérie, les auteurs d’actes de « prosélytisme non musulman » ; la « citoyenneté réservée aux seuls musulmans » en Mauritanie, ainsi que « la peine de mort obligatoire en cas de blasphème ou d’apostasie » ; « l’augmentation des peines pour blasphème » au Soudan, où les groupes religieux minoritaires sont oppressés et discriminés ; un « contrôle étroit des institutions religieuses » en Erythrée, ainsi qu’un « harcèlement des groupes religieux non inscrits (descentes de police, incarcérations) ».

Dans les causes non gouvernementales, l’AED constate « l’intolérance de la société » égyptienne à l’égard des non-musulmans ; la « recrudescence des attaques contre les minorités religieuses » en Libye ; la déstabilisation du Niger par « des organisations islamistes » ; « les bergers peuls terrorisant les chrétiens » au Nigeria ; des « lapidations à mort » et des attaques terroristes en Somalie, où sévissent les Chabab.

« Ultranationalisme agressif »

Principale évolution ces deux dernières années, selon l’AED : « un ultranationalisme agressif », avec « une augmentation des menaces que les acteurs étatiques font peser sur la liberté religieuse ». Par exemple en Chine, où ce sont « les acteurs étatiques qui organisent »ces menaces, ou en Inde, où « les acteurs étatiques les encouragent et garantissent l’impunité aux auteurs de ces violences », a souligné M. Fromager.

Autre enseignement de l’étude, un fait « malheureusement pas nouveau » selon lui : « un développement de l’islam radical avec une progression du fondamentalisme », qui se fait parfois « discrètement ». C’est le cas au Nigeria, où l’AED observe une « détérioration de la situation ».

Originally posted 2018-11-25 00:34:04.