Classes moyennes et aide à l’Afrique: quel impact sur le développement?

Afrique

L’Agence française de développement a présenté les 6 et 7 décembre 2018 une étude comparative des classes moyennes dans 4 pays sur 4 continents : le Brésil, la Côte d’Ivoire, la Turquie et le Vietnam. Côté africain, l’étude décrit la, ou plutôt les classes moyennes ivoiriennes. Comme ailleurs dans le monde, elles émergent dans un environnement où les revenus des plus pauvres augmentent plus lentement que ceux des plus riches.

Composée de 26%  de la population ivoirienne, la catégorie de la classe moyenne est très hétérogène et ne se perçoit pas comme un ensemble, selon Anda David, chargée de recherche à l’AFD sur les thèmes d’inégalité, de pauvreté et de migration.

« Les travailleurs informels, les agriculteurs ou les retraités qui font partie des gens du milieu ne se perçoivent pas comme faisant partie du même groupe social que les cadres du secteur privé ou les employés du secteur public. Du fait de ce manque de conscience d’un groupe commun, ils ont du mal à se mobiliser pour agir sur les politiques publiques. Souvent, ils s’identifient plus à des groupes professionnels, par exemple ceux qui font partie d’un syndicat, ou à des groupes socio-économiques définis d’une manière plus limitée, que de cette conscience d’un groupe du milieu qui devrait et pourrait avoir un vrai impact sur le développement. Et ça pourrait être un moteur de développement ».

Une classe moyenne fragile dans ses capacités de mobilisation collective. Ses composantes les plus entreprenantes, peuvent-elles compter sur la nouvelle alliance que l’Union européenne propose à l’Afrique ? Une nouvelle alliance pour remplacer les termes donateurs et partenaires, mais qui est encore marquée par une très grande asymétrie économique. Stefano Manservisi, directeur général de la coopération internationale et du développement à la Commission de l’Union européenne.

« Cette asymétrie et l’idée de sortir du langage donateurs, ne veulent pas dire du tout que nous allons baisser notre aide à l’Afrique, bien au contraire ! Dans la proposition de budgets de l’Union européenne pour les années à venir, celui pour l’Afrique, qui s’ajoute aux budgets bilatéraux de nos Etats membres, est augmenté de 2%. Nous sommes à 32 milliards d’euros, que récemment le Parlement européen dans sa proposition a augmentés même à 35 millions, rien que pour l’Afrique subsaharienne ».

Un engagement de l’Union européenne qui devrait servir notamment à la promotion des investissements privés. En tablant sur un accroissement du niveau de vie à plus ou moins long terme, l’un des objectifs visés est de réduire les flux migratoires, explique Stefano Manservisi.

« Je reste persuadé et toutes les études nous disent que l’Europe aura besoin de plus d’immigrés, de manière acceptable, de manière régulée. Mais le futur entre les deux continents est un futur où la mobilité continuera d’être importante. Travaillons pour la rendre volontaire, faisable et utile pour les 2 continents. »

Bien organisées, les classes moyennes africaines pourraient être utiles dans la construction de la nouvelle alliance que propose l’Union européenne, en influent sur l’élaboration des projets de développement.

Originally posted 2018-12-13 12:06:29.