Chine, Turquie, Inde, Brésil… ils vont tous en Afrique 

Afrique

De plus en plus de puissances émergentes investissent le marché africain, aux débouchés prometteurs. Les États-Unis et l’Europe tentent de revenir dans le jeu, alors que les pays africains jouent de cette concurrence inédite pour accélérer leur développement.

Une société turque fournit une partie de l’électricité du Ghana. Une autre a terminé en août un nouveau terminal flambant neuf dans l’aéroport international du pays, à Accra. Une compagnie philippine est sur le point de racheter Electricity Company of Ghana, le premier distributeur d’Afrique de l’Ouest. Même le plus grand pont autoroutier du Ghana, dédié au héros de la libération du pays, Kwame Nkrumah [président de 1960 à 1966], a été construit par des Brésiliens.

Le Ghana, une des économies les plus dynamiques du globe cette année [6,3 % de croissance prévue cette année], est un bon exemple des forces qui sont en train de redéfinir les liens de l’Afrique avec le reste du monde. Un nouveau bataillon de puissances étrangères – de la Chine au Brésil, en passant par la Russie et la Turquie – est en train de prendre pied sur ce vaste continent qui était dominé jusqu’à une date récente par d’anciennes puissances coloniales (comme la France et le Royaume-Uni) et les États-Unis.

À la faveur de ce que certains ont appelé la “nouvelle ruée vers l’Afrique”, ces pays non occidentaux flairent les débouchés commerciaux et tentent de s’implanter dans une région du monde certes difficile, mais dynamique. Si la Chine a pris de l’avance ces dix dernières années, une ribambelle d’autres pays est en train de lui emboîter le pas.

Une occasion en or pour les Africains

Qu’il s’agisse de pays du Golfe ou du Moyen-Orient jouant des coudes pour se tailler une part du gâteau dans la Corne de l’Afrique, de sociétés chinoises faisant main basse sur le cobalt indispensable à la fabrication des voitures électriques en république démocratique du Congo (RDC) ou de l’Inde, devenue le premier importateur de pétrole brut nigérian devant les États-Unis, de nouveaux acteurs sont en train de prendre pied dans toute l’Afrique.

Les Africains réfutent tout naturellement l’idée d’une “ruée”, une appellation qui fleure trop le XIXe siècle, à l’époque où les puissances européennes se crêpaient le chignon pour une tranche de ce que le roi des Belges Léopold II appelait le “magnifique gâteau africain”. En revanche, beaucoup voient dans ce regain d’intérêt pour leur continent une occasion en or d’engager une nouvelle phase de développement en rompant avec des relations qu’ils jugent paternalistes

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David Pilling

Originally posted 2018-11-25 00:04:08.