Malgré des premiers mandats critiqués, les deux présidents sortants ont été réélus avec une marge d’avance confortable.
En Afrique, les urnes n’aiment guère les bouleversements. Du moins est-on tenté de le croire au vu des résultats des élections présidentielles au Sénégal et au Nigeria. Macky Sall (57 ans), à Dakar comme Muhammadu Buhari (76 ans) à Abuja ont été, selon des résultats quasi définitifs, reconduits haut la main.
Poseur de première pierre
Macky Sall a récolté lors du scrutin de dimanche plus de 2,2 millions de voix, contre environ 1,7 million au total pour ses quatre adversaires. Cela correspond à une majorité absolue de 57,26 % pour le président sortant selon les estimations du site d’information e-media, dont les résultats portent sur 87,32 % des bulletins. Le président sortant, dont le camp a revendiqué très tôt la victoire, s’est méthodiquement dégagé la route d’un second mandat, quitte à utiliser la justice contre ses concurrents, selon l’opposition. Cet ingénieur géologue qui se définit comme un libéral social, après un épisode de jeunesse maoïste, veut amener le Sénégal « plus loin et plus haut », vers « l’émergence » à l’horizon 2035. Depuis son élection en 2012, il se targue d’avoir poursuivi une ambitieuse politique de grands travaux : nouvel aéroport, ville nouvelle de Diamniadio, ou encore un train express régional, inauguré en janvier plusieurs mois avant son entrée en service… Cette litanie d’inaugurations d’ouvrages parfois inachevés a lui a d’ailleurs valu des candidats de l’opposition qui l’ont qualifié de « poseur de première pierre ».
Buhari et la corruption
La victoire de Muhammadu Buhari au Nigeria n’est guère éloignée de celle de Macky Sall. Le chef de l’Etat du Nigeria a pourtant passé l’essentiel de son premier mandat à recevoir des soins médicaux à l’étranger, il est réélu pour quatre ans avec 56 % des voix contre 41 % pour son principal rival, Atiku Abubakar.
La victoire semble incontestable avec près de quatre millions de voix d’écart et permet à Muhammadu Buhari de promettre de lutter contre la corruption et de rénover les infrastructures routières et ferroviaires du pays. L’opposition a beau contester ces résultats, ils mettent – sauf ultime recours – un point final à un scrutin présidentiel qui s’est déroulé sans enthousiasme. D’abord reporté d’une semaine puis marqué par des retards, il a été émaillé de problèmes logistiques et d’éruptions de violence. Un bon indicateur finalement de la popularité réelle du président Buhari. Autant il avait été accueilli comme le « messie » il y a quatre ans, autant sa réélection a été enregistrée dans une indifférence quasi-générale. Preuve sans doute que, si les urnes n’aiment pas le changement, la population, elle, a du mal avec la continuité.