ANIDA entame le travail de réalisation des fermes agricoles au Sénégal

Sénégal

L’Agence nationale d’insertion pour le développement agricole (ANIDA) a, en partenariat avec la coopération espagnole démarré les travaux de réalisation des fermes agricoles dans trois régions de la zone Sud et Est du Sénégal, c’est-à-dire Kolda, Sédhiou et Kédougou et dans 5 régions de la zone centre à savoir Louga, Tambacounda, Kaffrine, Diourbel et Fatick en collaboration avec la coopération italienne. Ces travaux entrent dans le cadre du projet d’appui à la réduction de la migration à travers la création d’emplois ruraux au Sénégal.

C’est ce qu’a révélé Aliou Gaya, Co Directeur national du projet d’appui à la réduction de la migration à travers la création d’emplois ruraux au Sénégal (PACERSEN) zone Sud et Est. Ce projet de trois ans est à mi-parcours, suffisant pour ses initiateurs d’entamer la procédure de sélection des bénéficiaires afin de démarrer la formation et la capacitation des agents à installer, a expliqué M. Gaya qui revient d’un CRD de partage des audits de sélection du projet, de sélection des bénéficiaires et d’installation du Comité de sélection par arrêté du Sous-Préfet de Dioulakolon, précisant que le même travail a été déjà effectué à Dandone, village bénéficiaire du projet d’ANIDA et situé dans la commune de Sansamba, région de Sédhiou.

Selon le Co Directeur national du PACERSEN, pendant que le travail se déroule, les agents vont suivre des formations pour être opérationnels au moment de la réception des fermes. A l’en croire, les travaux de réalisation du projet vont durer 4 mois.

Joint au téléphone par VivAfrik, Aliou Gaye précise que le projet installé à Dandone et dans d’autres parties du pays a pour cible prioritaire « un public jeune âgé de 18 à 35 ans disposant d’un papier attestant d’une formation professionnelle dans les activités liées au développement du monde rural ou un papier justifiant le statut de migrant de l’intéressé », a-t-il expliqué. Poursuivant son speech, le responsable du projet dans la zone Sud et Est du Sénégal ajoute que la cible englobe aussi « un aspect genre puisque le projet vise à enrôler 30% de femmes, 25% de migrants et le reste des sélectionnées, sera complété par de potentiels migrants ».

Le coût global du projet est de 13 milliards FCFA. Dans le détail M. Gaye explique que les trois régions de la zone Sud et Est du Sénégal (Kolda, Sédhiou et Kédougou) vont bénéficier 6,5 milliards FCFA. Le même montant sera alloué aux 5 régions de la zone centre (Louga, Tambacounda, Kaffrine, Diourbel et Fatick). Il est financé par l’Union européenne (Ue) et mis en œuvre par la coopération espagnole dans la zone sud et Est et celle italienne dans la zone centre et l’Etat du Sénégal à travers l’Agence nationale d’insertion pour le développement agricole.

Interpelé sur le déficit d’eau qui frappe Dandone, l’un des villages bénéficiaires du projet dans la zone Sud et Est, le Co Directeur national du Projet d’appui à la réduction de la migration à travers la création d’emplois ruraux au Sénégal laisse entendre qu’un forage sera créé dans chaque ferme. « Dans chaque ferme agricole, il y aura un forage. La particularité de Dandone est qu’il y a 15 hectares à exploiter. Les 10 seront aménagés et équipés, répartis en 2 blocs de 5 hectares avec un système d’irrigation sous pression : gouttes à gouttes ou aspersion. Ce système sera adossé sur un forage qui va assurer la distribution et la fourniture d’eau sur les 15 hectares. Au-delà des 10 hectares aménagés, il y a une étable (Ndlr : un enclos) pour accueillir 5 vaches laitières pour assurer la production de lait », a-t-il détaillé.

Avant de préciser que « le forage est prioritairement conçu pour la satisfaction des besoins en eau de la ferme et non pour les ménages. Maintenant, poursuit-il, tout dépendra de la quantité d’eau qui sera produite. Si on trouve que la capacité de production du forage dépasse largement les besoins en eau du projet, on pourra envisager la possibilité d’adduction d’eau au profit des ménages. Dans ce sens, ce sont les villageois qui vont chercher leurs propres partenaires pour l’adduction d’eau », a clarifié le responsable du projet. A l’en croire, le projet reste dans la ferme. Il n’est prévu, selon ses dires, aucun accompagnement en faveur des agriculteurs ni des éleveurs des villages bénéficiaires.

S’exprimant sur le début des travaux, il soutient que « les ordres de services sont déjà signés ce qui veut dire que le compte à rebours a démarré » sans donné une date précise. Il a tout de même affirmé que les entreprises concernées lui ont transmis une demande d’avance de démarrage des travaux.

Le Co Directeur national du PACERSEN a également invité les localités bénéficiaires du projet à en faire bon usage. « Je reconnais que c’est une grande opportunité pour les populations d’avoir ce projet. Ce sont des fermes qui peuvent renforcer leur résilience face aux fléaux de la migration, la précarité des ressources alimentaires, souvent à l’origine des départs massifs des jeunes de leur terroir, des feux de brousse, de déboisement sans oublier le conflit Casamançais mais un bon entretien des locaux peut encourager d’autres bailleurs à investir à nouveau dans ces zones », a-t-il affirmé. Estimant que même si le projet ne vient pas « pour régler ces problèmes, il peut au moins donner des orientations, une nouvelle vision par rapport à ce qui doit être fait dans les régions ciblées ».

Aliou Gaye a enfin profité des colonnes de VivAfrik pour extirper certaines préjugés des esprits des jeunes surtout ceux de la région Sud. « Ce qu’il faut souligner pour le déplorer, surtout dans la région Sud, c’est que les jeunes garçons pensent que les activités de maraichage sont des activités dédiées aux femmes. Ils pensent que ce travail n’est pas le leur. Il faut nécessairement qu’ils changent de mentalité et comprennent que le maraichage n’est pas basé sur le genre. Ils attendent qu’ils quittent leur terroir pour exercer ce même métier ou même faire pire. Je leur lance un vibrant appel pour qu’ils comprennent que le changement de mentalité est obligatoire ».

Moctar FICOU / VivAfrik